Des Capétiens à la fin du Moyen-Age de 987 à 1492
À la fin du IXe siècle, la France carolingienne est en crise. L’empire, divisé par le traité de Verdun en 843, a vu son unité se désintégrer au fil des invasions vikings et des guerres internes. L’autorité carolingienne, représentée par les rois Charles le Chauve, Louis le Germanique et Lothaire, s’est affaiblie face à une noblesse de plus en plus autonome et puissante. L’autorité royale est limitée à un territoire restreint autour de Paris, et le roi Louis V, dernier Carolingien, règne sur un royaume largement fragmenté.
La mort de Louis V en 987 laisse un vide de pouvoir. Les grands seigneurs, fatigués des luttes internes et des guerres incessantes, cherchent un nouveau leader capable de restaurer un semblant d'ordre. Hugues Capet, comte de Paris, émerge comme un candidat favorable. Son pouvoir local solide et ses alliances avec d'autres familles nobles font de lui un choix pragmatique pour la succession...
Hugues Capet, le fondateur
La dynastie capétienne, fondée en 987 avec l’élection de Hugues Capet, marque le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de France.
L’élection de Hugues Capet en 987 est un tournant décisif. Hugues, grâce à son influence sur la région parisienne et à ses alliances stratégiques, est choisi par les grands seigneurs du royaume. Cette élection marque la fin de la dynastie carolingienne et le début de la dynastie capétienne. Cependant, la consolidation du pouvoir ne sera pas immédiate pour Hugues Capet. Son règne commence dans un contexte difficile, avec une autorité qui reste contestée par les puissants seigneurs locaux qui contrôlent de vastes territoires.
Pour établir son autorité, Hugues Capet met en œuvre plusieurs stratégies :
Le renforcement de Paris : Il concentre ses efforts sur le renforcement de Paris, qui devient le centre névralgique de son pouvoir. La ville est fortifiée et administrée avec plus de rigueur, devenant un symbole de la montée en puissance de la monarchie capétienne.
Des alliances matrimoniales : Hugues se marie avec Adèle de France, fille de Robert II le Pieux, pour sécuriser les alliances avec d'autres familles nobles influentes. Ce mariage est stratégique pour établir des liens dynastiques et renforcer son pouvoir.
Une politique de compromis : Conscient des défis posés par les seigneurs locaux, Hugues adopte une politique de compromis et de négociation, cherchant à obtenir la loyauté des seigneurs importants par des accords et des concessions.
Bien que Hugues Capet parvienne à stabiliser la situation dans ses premiers années, il doit faire face à plusieurs défis, dont des rébellions sporadiques et des conflits avec d’autres seigneurs qui refusent de se soumettre pleinement à son autorité. Son règne prépare cependant le terrain pour ses successeurs, qui pourront poursuivre l’œuvre de consolidation du pouvoir royal.
Ses successeurs
Robert II le Pieux (996-1031)
Lorsque Robert II accède au trône, le royaume est encore instable et confronté à de nombreux défis. Bien que son père Hugues Capet ait posé les bases du pouvoir capétien, la monarchie reste faible par rapport aux seigneurs locaux puissants. La fragmentation du royaume et les conflits internes compliquent le travail de Robert II, qui doit faire face à des rébellions et à une noblesse influente qui conteste l'autorité royale.
Robert II se trouve également confronté à des problèmes dynastiques. Sa propre famille est divisée, notamment en raison des tensions avec ses enfants issus de différents mariages. Ces tensions aboutiront à des conflits ouverts entre les membres de la famille royale, notamment avec son fils aîné, le futur Henri Ier.
Pour renforcer son autorité, Robert II entreprend des réformes visant à diminuer le pouvoir des grands seigneurs locaux. Il cherche à centraliser l’administration royale et à réaffirmer le contrôle sur les provinces périphériques. Robert II travaille à affaiblir les seigneurs qui ont pris une grande autonomie, en intervenant dans leurs affaires et en cherchant à réduire leur influence sur le territoire. Il met en place des réformes administratives pour améliorer l’efficacité de la gouvernance. Il renforce les institutions royales et met en place des mesures pour améliorer la justice et l’administration locales. Ses réformes incluent la mise en place de fonctionnaires royaux pour superviser les provinces et veiller à l’application des lois royales. Ces mesures contribuent à une meilleure centralisation du pouvoir et à une administration plus cohérente du royaume.
Tout comme son père, le mariage de Robert II avec Constance de Provence en 1016 est un élément stratégique important de son règne. Ce mariage lui permet d’étendre son influence dans le sud de la France et de renforcer les alliances politiques avec les familles nobles du sud. Constance apporte également une dot importante, augmentant ainsi les ressources disponibles pour la monarchie. Cette alliance est cruciale pour renforcer la position de Robert II face aux seigneurs locaux et pour stabiliser le royaume.
Robert II fait face à plusieurs rébellions, dont celle de son propre fils, le futur Henri Ier, qui conteste son autorité.En 1031, Robert II meurt, laissant le trône à son fils Henri Ier, dont le règne poursuivra la consolidation de la monarchie capétienne.
Henri Ier (1031-1060)
Henri Ier, fils de Robert II, continue le processus de consolidation du pouvoir. Son règne est marqué par une expansion territoriale significative et par des conflits importants avec l’Église. Henri mène des campagnes militaires pour sécuriser et étendre les territoires normands, renforçant ainsi les frontières du royaume. Ces campagnes ont un impact important sur la stabilité du royaume et sur la consolidation du pouvoir royal.
Les relations entre Henri et l’Église sont compliquées par la question des Investitures. Henri entre en conflit avec le pape sur le droit de nommer les évêques, un conflit qui reflète les tensions entre le pouvoir royal et l’autorité ecclésiastique. Bien que ce conflit provoque des tensions, Henri parvient à établir un compromis avec l’Église, tout en soutenant des réformes ecclésiastiques qui visent à renforcer l’influence de la monarchie sur l’Église.
Henri Ier continue également à renforcer l’administration royale, en mettant en place des systèmes de justice plus centralisés et en améliorant les structures administratives locales. Son règne est marqué par une relative stabilité politique et une expansion territoriale qui prépare le terrain pour ses successeurs.
La société féodale
La société féodale au début de la période capétienne est caractérisée par une hiérarchie complexe. Au sommet se trouve le roi, dont l’autorité est souvent limitée aux régions proches de Paris, tandis que les grands seigneurs exercent une grande autonomie dans leurs domaines. Les relations seigneuriales sont basées sur des engagements mutuels de loyauté et de service, avec les vassaux jouant un rôle crucial dans les affaires militaires et administratives locales. La majorité de la population, composée de serfs et de paysans, vit sous la dépendance des seigneurs, travaillant la terre et fournissant des services.
L’économie médiévale est principalement agricole, avec des innovations telles que la rotation des cultures et de nouveaux outils agricoles qui permettent une augmentation de la production. Les villages et les seigneuries dominent le paysage économique, tandis que les villes commencent à se développer comme centres de commerce et d’artisanat, contribuant à une certaine prospérité économique.
L’influence de l’Église est omniprésente. La construction d’églises et de monastères est en plein essor, avec ces institutions servant de centres de savoir et de préservation des connaissances. Les monastères jouent un rôle crucial dans le développement de la littérature et des arts, contribuant à une richesse culturelle qui perdurera au-delà de cette période. Les écoles monastiques et les scriptoria deviennent des centres importants de production intellectuelle et artistique.
La période des premiers Capétiens est marquée par des efforts continus pour stabiliser et consolider le pouvoir royal. L’ascension de Hugues Capet, suivie par ses successeurs, est une période déterminante qui pose les bases de l’autorité monarchique centralisée en France. Les défis politiques, les réformes internes et les transformations sociales et culturelles de cette époque ont eu un impact profond sur l’évolution du royaume de France et ont préparé le terrain pour les développements futurs.
Pour aller plus loin
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La période de 1060 à 1108 est un moment décisif pour la dynastie capétienne, caractérisé par une consolidation progressive du pouvoir royal et une expansion significative de l'autorité de la monarchie. Ce développement est principalement marqué par le règne de Philippe Ier et le début du règne de Louis VI le Gros. Ce cours examine comment la dynastie capétienne a renforcé son contrôle sur le royaume de France pendant cette période, en mettant en lumière les défis rencontrés, les stratégies employées et les résultats obtenus.
Philippe Ier (1060-1108)
Philippe Ier accède au trône en 1060 à l’âge de 7 ans, après la mort de son père Henri Ier. La régence est assurée par sa mère, Anne de Kiev, qui joue un rôle crucial dans les premières années de son règne. Lorsque Philippe prend le pouvoir en 1066, il hérite d’un royaume où l’autorité royale est encore limitée principalement à l’Île-de-France et à la ville de Paris. Les seigneurs locaux exercent une influence considérable sur leurs territoires, ce qui rend difficile le contrôle centralisé de la monarchie.
La période est marquée par des rivalités internes et des défis importants. Les grands seigneurs régionaux, souvent plus puissants que le roi, revendiquent une autonomie qui mine l’autorité royale. Philippe Ier doit donc naviguer entre la consolidation de son pouvoir et la gestion des relations avec ces seigneurs influents.
Le renforcement de l'autorité royale
Sous Philippe Ier, la monarchie capétienne entreprend un processus de centralisation administrative. Philippe met en place un système de fonctionnaires royaux pour superviser les provinces et veiller à l’application des lois royales. Cette mesure vise à réduire le pouvoir des seigneurs locaux en augmentant la présence de l’autorité royale dans les régions périphériques du royaume. Le roi attribue des terres à des vassaux loyaux, renforçant ainsi l’influence de la monarchie dans des zones stratégiques et contribuant à une meilleure administration locale.
Philippe Ier continue les efforts de ses prédécesseurs pour renforcer Paris comme centre du pouvoir royal. Sous son règne, Paris se développe considérablement grâce à des investissements dans les infrastructures, tels que la construction de fortifications et l’amélioration des routes commerciales. La ville devient le principal siège de la monarchie et le symbole de l’autorité royale. Cette concentration du pouvoir à Paris contribue à la stabilité et à l’efficacité de la gouvernance royale.
Pour réduire l’influence des seigneurs locaux, Philippe Ier adopte une politique de compromis et de négociation. Il utilise des alliances matrimoniales pour sécuriser des alliances politiques et limiter la puissance des seigneurs récalcitrants. Par exemple, en mariant ses enfants à des familles nobles influentes, Philippe parvient à créer des liens de loyauté et à affaiblir les forces qui pourraient menacer son autorité. Cette approche permet au roi de maintenir une certaine stabilité sans avoir recours à des conflits ouverts avec les puissants seigneurs régionaux.
Une affirmation du pouvoir du royaume de France
Philippe Ier joue un rôle actif dans les affaires diplomatiques européennes. Ses relations avec l’Angleterre et l’Empire germanique sont stratégiques pour maintenir l’équilibre des pouvoirs en Europe et sécuriser les frontières du royaume. En établissant des alliances diplomatiques avec ces puissances, Philippe vise à renforcer la position de la France dans le concert des nations européennes. Ces alliances sont cruciales pour maintenir la stabilité interne et pour prévenir les menaces extérieures potentielles.
Philippe Ier ne participe pas directement aux premières croisades, mais il apporte un soutien important à ces entreprises militaires chrétiennes. Il contribue à l’organisation des ressources nécessaires pour les croisades, ce qui renforce la position de la monarchie capétienne comme défenseur de la chrétienté. Son soutien aux croisades est également une manière de consolider son autorité en utilisant la cause religieuse pour légitimer et renforcer le pouvoir royal.
Sous Philippe Ier, les villes françaises, et particulièrement Paris, connaissent une expansion significative. La croissance urbaine est facilitée par les investissements royaux dans les infrastructures et par des politiques favorables au commerce et à l’artisanat. Paris devient un centre économique dynamique, attirant des commerçants et des artisans, ce qui contribue à la prospérité économique du royaume. La croissance urbaine permet également de renforcer le contrôle royal sur des régions clés du royaume.
Le commerce se développe sous Philippe Ier, avec une augmentation des échanges à la fois internes et internationaux. Les routes commerciales sont améliorées, facilitant le transport des marchandises et contribuant à la prospérité économique du royaume. Le développement du commerce est un élément crucial de la croissance économique, car il permet au royaume de bénéficier des échanges commerciaux et d’améliorer sa richesse.
Les autres monarques:
Après Philippe Ier, plusieurs rois capétiens se succèdent, chacun contribuant de manière significative au renforcement et à l'expansion du pouvoir royal en France. Voici un aperçu rapide des principaux souverains après Philippe Ier
Louis VI le Gros (1108-1137)
Louis VI est un roi énergique qui consacre la majeure partie de son règne à renforcer l'autorité royale face aux seigneurs locaux turbulents, notamment autour de l'Île-de-France. Il mène de nombreuses campagnes militaires pour affirmer son contrôle et rétablit l’ordre dans son domaine. Louis VI est également connu pour son soutien à l’Église, ce qui lui permet de légitimer davantage son pouvoir.
Louis VII (1137-1180)
Louis VII est surtout connu pour sa participation à la Deuxième Croisade (1147-1149), qui fut un échec. Son règne est marqué par des tensions avec l'Empire angevin, surtout après son mariage avec Aliénor d'Aquitaine, qu’il finit par divorcer en 1152. Aliénor épouse ensuite Henri II d'Angleterre, ce qui exacerbe les tensions entre la France et l’Angleterre. Malgré ces difficultés, Louis VII réussit à maintenir le royaume en paix relative, consolidant ainsi l’autorité monarchique.
Philippe Auguste (1180-1223)
Philippe II, dit Philippe Auguste, est l’un des plus grands rois capétiens. Son règne est marqué par de nombreuses conquêtes territoriales, notamment la reprise de la Normandie, de l'Anjou et de la Touraine aux rois d'Angleterre. Il participe à la Troisième Croisade aux côtés de Richard Cœur de Lion. Philippe Auguste renforce considérablement l'administration royale en établissant un système de baillis et sénéchaux pour mieux gouverner les provinces, ce qui centralise le pouvoir royal. Son règne marque un tournant décisif dans la consolidation de la monarchie capétienne.
Louis VIII le Lion (1223-1226)
Bien que son règne soit bref, Louis VIII contribue à la conquête du sud de la France lors de la croisade des Albigeois, qui vise à éliminer l’hérésie cathare dans le Languedoc. Son règne permet à la couronne de renforcer son emprise sur ces nouvelles terres.
Louis IX (Saint Louis) (1226-1270)
Louis IX, plus connu sous le nom de Saint Louis, est célèbre pour son sens de la justice et son rôle dans l'organisation des Croisades. Il réorganise la justice royale, cherchant à limiter les abus des seigneurs et à garantir un système de justice équitable pour tous ses sujets. Il mène également la septième et huitième croisades, où il meurt en 1270 à Tunis. Il est canonisé en 1297, devant Saint Louis, ce qui renforce le prestige de la monarchie française. Il est aussi l'un des rois capétiens les plus connus.
Philippe III le Hardi (1270-1285)
Philippe III est connu pour avoir poursuivi les politiques de son père Louis IX en matière de justice et de croisade. Son règne est marqué par l'acquisition du comté de Toulouse, consolidant davantage le pouvoir royal dans le sud de la France.
Philippe IV le Bel (1285-1314)
Philippe IV, dit le Bel, centralise et rationalise l'administration royale, développant des institutions fiscales pour renforcer les finances royales. Il entre en conflit avec le pape Boniface VIII, capturant même le pape lors de l'incident d’Anagni (1303), ce qui marque l’une des premières tentatives des rois capétiens de soumettre l'Église à leur autorité. Philippe IV est également à l'origine de la destruction de l'Ordre du Temple en 1312. Son règne marque une transition vers une monarchie plus bureaucratique et puissante.
L'organisation de la société
La société médiévale sous les Capétiens, entre 1100 et 1400, est marquée par un système féodal hiérarchisé, structuré autour de trois ordres principaux : la noblesse, le clergé et le tiers état. Cette période voit l’affirmation progressive de l’autorité royale, au détriment des pouvoirs locaux et féodaux. Le développement des villes et de la bourgeoisie, ainsi que le rôle prépondérant de l’Église, façonnent la société médiévale, tout en préparant le terrain pour les transformations majeures à venir, notamment à la fin du Moyen Âge.
On distingue traditionnellement trois ordres sociaux principaux : la noblesse, le clergé et le tiers état, chaque ordre ayant ses propres privilèges, devoirs et fonctions au sein du royaume.
La noblesse, souvent appelée « ceux qui combattent », est le groupe le plus puissant de la société médiévale. Ce sont des seigneurs féodaux qui possèdent des terres, qu’ils administrent et défendent. Ils constituent l’ossature du système féodal, sur lequel repose l’organisation politique et militaire du royaume.
Le clergé est le deuxième ordre de la société médiévale, chargé des fonctions religieuses et spirituelles. La société médiévale est profondément religieuse, et l'Église joue un rôle majeur dans tous les aspects de la vie quotidienne.
Le tiers état, qui regroupe la grande majorité de la population, est divisé entre les paysans vivant dans les campagnes et les bourgeois des villes.
Entre 1100 et 1400, la monarchie capétienne joue un rôle crucial dans l'évolution de cette société hiérarchisée. Les rois capétiens, tels que Philippe Auguste, Louis IX et Philippe le Bel, œuvrent pour renforcer leur autorité sur les grands seigneurs, en développant des institutions royales et administratives centralisées. Ce processus de centralisation est favorisé par la croissance des villes et le développement d'une bourgeoisie urbaine, qui soutient le pouvoir royal contre les seigneurs féodaux.
Le pouvoir royal s’affirme de plus en plus comme un pouvoir arbitral, au-dessus des conflits entre seigneurs et au sein de l’Église. Par ailleurs, l'évolution des techniques agricoles, comme l'amélioration des outils et l’essor des moulins, favorise l'augmentation de la productivité et permet la croissance démographique du royaume.
De l'apogée à la fin des Capétiens
Les Capétiens directs, qui règnent sur la France depuis Hugues Capet en 987, voient leur dynastie directe s'éteindre avec la mort de Charles IV en 1328. La fin des Capétiens directs marque une période cruciale dans l’histoire de la monarchie française, avec des bouleversements dynastiques qui mèneront à la guerre de Cent Ans et à la montée de la maison de Valois.
La dynastie capétienne connaît un affaiblissement notable à partir du règne de Philippe IV le Bel (1285-1314). Ce roi puissant et centralisateur, connu pour ses réformes administratives et son affrontement avec le pape Boniface VIII, laisse après lui trois fils qui montent successivement sur le trône : Louis X (1314-1316), Philippe V (1316-1322) et Charles IV (1322-1328).
Louis X le Hutin est le premier à succéder à Philippe IV en 1314. Il ne règne que deux ans et meurt en 1316. Son décès prématuré ouvre une période d’incertitude dynastique. Sa fille Jeanne est contestée pour succéder, et c'est son frère Philippe V, qui monte sur le trône.
Philippe V le Long règne de 1316 à 1322, après avoir écarté la possibilité que Jeanne, la fille de Louis X, hérite du trône. Pour justifier son accession, il invoque ce qui deviendra plus tard la loi salique, un ensemble de règles issues des anciens Francs qui exclut les femmes de la succession royale.
Charles IV le Bel, dernier fils de Philippe le Bel, succède à Philippe V et règne de 1322 à 1328. Comme ses frères avant lui, il ne laisse pas de descendant mâle. Sa mort en 1328 marque la fin de la lignée directe des Capétiens mâles. Cette mort sans héritier mâle crée une grave crise dynastique. Selon la coutume de la primogéniture et la loi salique, seuls les hommes peuvent hériter de la couronne de France. Cependant, plusieurs prétendants apparaissent pour revendiquer le trône :
Philippe de Valois, cousin de Charles IV et petit-fils de Philippe III, semble être l’héritier le plus légitime selon la tradition capétienne. Il est soutenu par une majorité de barons français.
Édouard III d'Angleterre, petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère, Isabelle de France, conteste cette décision. Bien que la loi salique exclue les femmes, Édouard III se base sur le fait que sa mère est fille de Philippe IV et, selon lui, cela lui donne un droit légitime au trône.
Finalement, c’est Philippe VI de Valois, cousin de Charles IV, qui est désigné roi par l’assemblée des barons et des grands seigneurs. En 1328, il devient le premier roi de la dynastie des Valois, inaugurant une nouvelle branche des Capétiens. Malheureusement, Édouard III d’Angleterre relance ses revendications sur le trône de France, déclenchant la guerre de Cent Ans (1337-1453), un long conflit marqué par des luttes territoriales et politiques entre les rois de France et d’Angleterre.
Pour aller plus loin
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La Guerre de Cent Ans est l'un des conflits les plus emblématiques de l'histoire médiévale européenne. Opposant les royaumes de France et d'Angleterre entre 1337 et 1453, elle s'inscrit dans un contexte de rivalités dynastiques, territoriales et économiques. S'étalant sur plusieurs générations et marquée par des phases de guerre intense, de trêves et de révoltes internes, la guerre transforme profondément les deux royaumes et laisse un héritage durable dans la politique, la société et la culture française. On utilise d'ailleurs souvent cette référence quand il s'agit de présenter le fameux "crunch" opposant l'équipe de France et l'équipe d'Angleterre de rugby.
Les origines du conflit
La Guerre de Cent Ans trouve ses origines dans plusieurs tensions qui se sont cristallisées autour de la succession au trône de France et des conflits territoriaux.
Le Conflit de Succession : En 1328, le roi de France, Charles IV, meurt sans héritier mâle direct. Selon la tradition de la primogéniture et la loi salique, qui interdit aux femmes de transmettre le trône, c’est son cousin, Philippe VI de Valois, qui est couronné roi. Cependant, Édouard III, roi d’Angleterre et petit-fils de Philippe IV le Bel par sa mère, revendique le trône français. Cette dispute dynastique devient rapidement l’un des principaux moteurs du conflit.
Les Problèmes Territoriaux : En plus des questions dynastiques, l’Angleterre et la France sont en conflit pour le contrôle de territoires stratégiques. Depuis le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II d’Angleterre au XIIe siècle, de vastes régions du sud-ouest de la France, notamment l’Aquitaine, sont sous contrôle anglais. Ces terres représentent une richesse considérable et une source de tensions constantes. Les rois de France cherchent à affaiblir l'influence anglaise en France, tandis que les Anglais veulent protéger leurs possessions.
Les Tensions Économiques : Le commerce de la laine entre l’Angleterre et la Flandre, un territoire stratégique sous influence française mais économiquement dépendant de l’Angleterre, est également une source de conflit. Les villes flamandes, prospères et commerçantes, soutiennent souvent les Anglais, exacerbant les tensions entre les deux royaumes.
Les Grandes Phases de la Guerre
La Guerre de Cent Ans n'est pas un conflit continu mais se divise en plusieurs phases de guerre ouverte et de trêves, au cours desquelles les forces anglaises et françaises alternent entre domination et recul.
Les Victoires Anglaises (1337-1360)
Cette première phase de la guerre est marquée par de spectaculaires victoires anglaises, dues en partie à leur maîtrise de nouvelles tactiques militaires et à l’usage de l’arc long.
La Bataille de l'Écluse (1340) : Cette bataille navale est un succès anglais majeur qui assure la domination maritime de l’Angleterre. Elle permet à Édouard III de débarquer en France sans rencontrer de résistance navale sérieuse.
La Bataille de Crécy (1346) : La victoire décisive d'Édouard III à Crécy est l’une des plus célèbres de la guerre. Grâce à l'utilisation de l’arc long, les archers anglais infligent une défaite cuisante à la chevalerie française, mal organisée et mal commandée.
Le Siège de Calais (1347) : Après la victoire de Crécy, les Anglais assiègent la ville de Calais, qui tombe entre leurs mains après un an de siège. Cette ville devient un point stratégique clé pour les Anglais, qui la garderont jusqu’en 1558.
La Bataille de Poitiers (1356) : Cette bataille voit la capture du roi de France, Jean II le Bon, par les forces anglaises commandées par le Prince Noir, fils d'Édouard III. Cette défaite provoque une crise en France, avec des conséquences économiques et sociales considérables.
La première phase de la guerre se termine avec le traité de Brétigny (1360), dans lequel Jean II, en échange de sa liberté, cède une grande partie du sud-ouest de la France à l'Angleterre et renonce à son droit de suzeraineté sur l’Aquitaine.
(1360-1415) : La Revanche Française
Après le traité de Brétigny, la France tente de se relever sous le règne de Charles V (1364-1380). Ce roi, surnommé "le Sage", reforme l’administration et utilise des tactiques plus défensives pour contenir les Anglais, avec l’aide de son connétable Bertrand Du Guesclin.
La Reconquête Française : Sous Charles V, les Français, évitant les batailles rangées, reprennent progressivement le contrôle de territoires importants en utilisant des guérillas et en s'appuyant sur le soutien de la population.
Cette phase connaît une relative accalmie, mais la paix reste fragile. À la fin du XIVe siècle, la France est déstabilisée par des crises internes, notamment la folie de Charles VI, et des querelles entre factions nobles, en particulier entre les Armagnacs et les Bourguignons.
Troisième phase (1415-1453) : La Montée en Puissance des Français
La dernière phase de la guerre est déclenchée par l’invasion d’Henri V d’Angleterre, qui cherche à relancer les ambitions anglaises en France.
La Bataille d'Azincourt (1415) : Cette bataille est une nouvelle victoire éclatante pour les Anglais. Comme à Crécy, l’armée anglaise, en infériorité numérique, utilise l’arc long pour infliger des pertes énormes à la chevalerie française.
Le Traité de Troyes (1420) : Ce traité accorde à Henri V le droit de succéder à Charles VI sur le trône de France, déshéritant ainsi le dauphin, futur Charles VII. Henri V épouse la fille de Charles VI et, à la mort de ce dernier, les couronnes de France et d'Angleterre sont censées être réunies sous un même roi.
Cependant, l’arrivée de Jeanne d'Arc en 1429 marque un tournant majeur dans le conflit. Jeanne, une jeune paysanne de Lorraine, convainc Charles VII de la laisser diriger une armée pour libérer Orléans, alors assiégée par les Anglais. Sa victoire à Orléans galvanise le camp français et permet au dauphin de se faire sacrer roi à Reims, conformément à la tradition capétienne.
La Bataille de Castillon (1453) : La guerre se termine définitivement par la victoire française à Castillon, où les forces anglaises sont battues. À l’issue de cette bataille, les Anglais perdent presque toutes leurs possessions en France, sauf la ville de Calais.
Les Conséquences de la Guerre de Cent Ans
La Guerre de Cent Ans transforme profondément la France et l’Angleterre, ainsi que leurs relations.
En France : Le conflit laisse un pays dévasté économiquement et socialement, avec de nombreuses régions ravagées par les pillages et les combats. Cependant, la guerre permet aussi à la monarchie française de se renforcer considérablement. Sous Charles VII, la centralisation du pouvoir royal progresse avec la création d’une armée permanente et la mise en place de réformes fiscales. La noblesse, affaiblie par le conflit, voit ses privilèges se réduire face à une monarchie plus puissante.
En Angleterre : La guerre de Cent Ans affaiblit durablement le royaume anglais, à la fois militairement et financièrement. Les lourdes dépenses engagées pour maintenir la guerre provoquent des crises internes qui conduisent à la guerre des Deux-Roses (1455-1487), une guerre civile entre les maisons rivales de Lancaster et York.
La Guerre de Cent Ans marque la fin du Moyen Âge et prépare la transition vers la Renaissance. Elle contribue à l’émergence des États-nations modernes, avec une monarchie française désormais plus centralisée et un sentiment de fierté nationale renforcé par des figures comme Jeanne d'Arc. Elle est également marquée par des évolutions militaires significatives, avec la fin de la domination de la chevalerie et l’apparition d’armées professionnelles et de nouvelles technologies de guerre, comme l’artillerie.
Ce qu'il faut en retenir
La Guerre de Cent Ans est un conflit complexe et emblématique de la période médiévale, ayant transformé le paysage politique et social de la France et de l’Angleterre. Ce conflit, bien qu’ayant semé la destruction, a également jeté les bases de l’affirmation de la monarchie française et de l'État moderne, marquant ainsi un tournant majeur dans l’histoire de la France. De la fin de la guerre de Cent Ans à l’avènement de François Ier, la France traverse une période de reconstruction, de consolidation du pouvoir royal et d’ouverture à la Renaissance italienne. La monarchie devient de plus en plus centralisée, et le pays, autrefois dévasté par la guerre, entre dans une période de prospérité relative et d’épanouissement culturel. Avec François Ier, la France entre pleinement dans l’ère de la Renaissance, affirmant son influence culturelle et politique en Europe.
Charles VII, surnommé "le Victorieux", joue un rôle clé dans la consolidation du royaume après la guerre de Cent Ans. Après avoir réussi, avec l’aide de Jeanne d’Arc, à se faire sacrer roi à Reims en 1429, il entreprend une série de réformes pour restaurer son royaume. Il va renforcer l’autorité royale sur la fiscalité, en instaurant des impôts permanents, comme la taille, pour financer l’armée. Ces réformes stabilisent les finances du royaume, affaiblissent les grands seigneurs locaux et permettent au roi de mieux contrôler le territoire. Il va aussi reprendre des territoires clés comme Paris en 1436 et la Guyenne en 1453, Charles VII parvient à rétablir une monarchie forte. Son règne répare les divisions internes du royaume, affaibli par les luttes entre les Armagnacs et les Bourguignons. En renforçant le pouvoir central, il prépare la France à sortir du chaos féodal qui avait marqué le conflit. Louis XI, fils de Charles VII, succède à son père en 1461 et joue un rôle décisif dans la centralisation de la monarchie française. Il poursuit les efforts de son père pour pacifier le royaume et renforcer l’autorité royale et son règne fera entrer la France dans les prémices de la Renaissance.
Pour aller plus loin
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