LA FRANCE CONTEMPORAINE (de 1789 à nos jours)

De la Révolution Française à nos jours

1-De la fin de la Révolution à l'Empire

L’histoire de France depuis la Révolution française est marquée par des transformations politiques, sociales et économiques profondes. La Révolution de 1789 constitue un point de rupture majeur dans l’histoire de la France, entraînant la chute de l’Ancien Régime et l’émergence de nouvelles idées, telles que la souveraineté nationale, l’égalité devant la loi et les droits de l’homme. De la naissance de la Première République jusqu'à la Ve République actuelle, la France a traversé des périodes de stabilité et de bouleversements. Ce cours se propose d’analyser l’histoire de la France de 1789 à nos jours, en examinant les grandes phases politiques (républiques, monarchies, empires) ainsi que les évolutions sociales et économiques qui ont façonné la nation.

Le 14 juillet 1789, la prise de la Bastille par le peuple de Paris marque symboliquement la fin de l'absolutisme et de la répression royale. La Bastille, une prison d'État, est un symbole fort de l'arbitraire monarchique, et sa chute est interprétée comme un signal du triomphe des idées révolutionnaires.

Dans les mois qui suivent, la Révolution prend une dimension nationale. Les troubles se multiplient dans les campagnes, où les paysans attaquent les châteaux, détruisent les registres seigneuriaux et refusent de payer les droits féodaux. Ce mouvement de révolte, connu sous le nom de Grande Peur (été 1789), est une manifestation de la colère des populations rurales contre les injustices de l'Ancien Régime. Pour apaiser ces tensions et répondre aux aspirations populaires, l’Assemblée nationale prend une série de mesures radicales. Le 4 août 1789, elle vote l’abolition des privilèges et des droits féodaux, mettant fin à des siècles de domination seigneuriale. Ces réformes sont suivies, en août 1789, par l’adoption de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, un texte fondamental qui énonce les principes de liberté, d'égalité et de souveraineté nationale. Ce texte, inspiré des idées des Lumières, devient le socle idéologique de la Révolution.

La question de la monarchie reste cependant au cœur des débats. Louis XVI, bien que contraint d'accepter certaines réformes, reste opposé à de nombreux changements, notamment à la nationalisation des biens de l'Église et à la Constitution civile du clergé (1790), qui soumet le clergé à l'autorité de l'État. Les relations entre le roi et les révolutionnaires se détériorent progressivement, jusqu'à atteindre un point de rupture.

En 1791, la fuite de Varennes, où Louis XVI tente de quitter la France pour rejoindre les armées contre-révolutionnaires à l'étranger, est perçue comme une trahison. Bien que capturé et ramené à Paris, la confiance entre le roi et le peuple est irrémédiablement rompue. Cet événement renforce l'aile radicale du mouvement révolutionnaire, qui commence à envisager la fin de la monarchie. La montée des tensions internationales est également un facteur déterminant. Dès 1791, les puissances monarchiques européennes, inquiètes des répercussions de la Révolution en France, commencent à s’organiser contre le mouvement révolutionnaire. La France entre en guerre contre l’Autriche et la Prusse en 1792. Cette guerre, qui s'inscrit dans un contexte de guerre civile et de radicalisation politique interne, accélère la chute de la monarchie.

Le 10 août 1792, la prise des Tuileries par les sans-culottes et la garde nationale, soutenue par l'Assemblée législative, met définitivement fin à la monarchie. Louis XVI est suspendu de ses fonctions et emprisonné. En septembre 1792, la Première République est proclamée, marquant la fin de plus de mille ans de monarchie en France.

 

La Terreur et la chute de Robespierre (1793-1794)

Après l'exécution de Louis XVI le 21 janvier 1793, la France révolutionnaire se trouve plongée dans une période de crise particulièrement aiguë. La monarchie est définitivement abolie, et la Première République est confrontée à des défis sans précédent. À l'intérieur, la jeune République fait face à une opposition interne croissante, tandis qu'à l'extérieur, elle est entourée par des ennemis coalisés, notamment les monarchies européennes qui veulent stopper l'extension des idées révolutionnaires et rétablir l'Ancien Régime en France. C'est dans ce contexte de guerre civile et de guerre étrangère que s'ouvre la période de la Terreur, souvent considérée comme la phase la plus radicale et sanglante de la Révolution.

Dès le début de l'année 1793, les menaces qui pèsent sur la République sont multiples. À l'intérieur du pays, la Révolution, pourtant menée au nom du peuple, se heurte à des résistances locales et régionales. La Vendée, une région située dans l’ouest de la France, devient l’épicentre d’une guerre civile entre les forces républicaines et les insurgés royalistes. La révolte vendéenne est en partie motivée par des raisons religieuses, car la Constitution civile du clergé de 1790 a suscité une vive opposition dans les régions où la foi catholique reste profondément enracinée. Le refus de nombreux prêtres de prêter serment à la République radicalise les tensions. La conscription obligatoire mise en place en février 1793 par la Convention nationale, exigeant des hommes pour alimenter la guerre contre les puissances étrangères, agit comme un catalyseur de cette révolte. Les insurgés vendéens, soutenus par des paysans attachés aux traditions monarchiques et religieuses, prennent les armes contre la République.

En parallèle, des soulèvements éclatent dans d'autres régions de France, notamment à Lyon, à Bordeaux, et dans d’autres villes, où les Girondins – modérés et partisans d’un pouvoir décentralisé – conservent une influence. Ces insurrections mettent en lumière la fracture profonde qui traverse la France révolutionnaire. D'un côté, les Girondins, qui prônent un républicanisme modéré et défendent l'autonomie des provinces, sont perçus comme des traîtres par leurs adversaires. De l'autre côté, les Montagnards, radicaux et dirigés par des figures telles que Maximilien Robespierre, Georges Danton, et Jean-Paul Marat, prônent une République centralisée, prête à user de tous les moyens pour défendre les acquis révolutionnaires. Le conflit entre ces deux factions politiques au sein de la Convention nationale devient de plus en plus violent.

À la menace intérieure s'ajoute une pression militaire extérieure. Dès avril 1792, la France est entrée en guerre contre l’Autriche et la Prusse. Cependant, avec la mort du roi et la proclamation de la République, la guerre s'étend : la France doit désormais affronter une vaste coalition qui réunit plusieurs monarchies européennes, dont l’Espagne, le Royaume-Uni, le Portugal, et d’autres puissances germanophones. Cette Première Coalition menace directement l'existence de la République. Les revers militaires subis par l'armée française en 1793, notamment la perte des Pays-Bas autrichiens et la menace d'une invasion étrangère, exacerbent les tensions internes et créent un sentiment d'urgence nationale. Pour faire face à ces crises multiples, la Convention nationale décide de concentrer le pouvoir entre les mains de quelques hommes, en instituant en avril 1793 le Comité de salut public, un organe exécutif révolutionnaire chargé de superviser la défense du pays, la politique intérieure et la justice révolutionnaire. Ce Comité est dominé par les Montagnards, et en particulier par Robespierre à partir de juillet 1793. Robespierre, ardent défenseur de la vertu républicaine et des idéaux des Lumières, voit dans la Terreur un moyen nécessaire de sauver la République d'un complot aristocratique et de purger le corps politique de ses ennemis.

La Terreur s’installe officiellement en septembre 1793, lorsque la Convention adopte la loi des suspects, qui permet l’arrestation de toute personne soupçonnée de trahison ou d’opposition à la République. La loi est très large et ambiguë, et dans ce climat de méfiance généralisée, des milliers de citoyens ordinaires sont dénoncés, arrêtés, jugés et souvent exécutés sur des preuves minimes ou inexistantes. Le Tribunal révolutionnaire, créé en mars 1793, devient un instrument clé de la Terreur. En quelques mois, des milliers de personnes sont envoyées à la guillotine, l’instrument symbolique de la justice révolutionnaire. Parmi les victimes figurent non seulement des aristocrates et des royalistes, mais aussi des républicains modérés, des prêtres réfractaires, et même des anciens révolutionnaires accusés d'être devenus contre-révolutionnaires.

Le Comité de salut public, dirigé par Robespierre, utilise également la Terreur pour consolider son pouvoir en éliminant ses rivaux politiques. En juin 1793, les Montagnards, avec le soutien des sans-culottes parisiens, réussissent à faire arrêter et exécuter les principaux leaders girondins, marquant ainsi un tournant dans la Révolution. La domination des Montagnards est désormais totale, et la Terreur devient un régime de gouvernement. Robespierre, convaincu que la République doit être guidée par des principes de vertu, justifie la répression par la nécessité de sauver la Révolution des dangers intérieurs et extérieurs. La Terreur économique est également mise en place pour répondre aux revendications des sans-culottes, qui demandent des mesures contre la spéculation et la hausse des prix. La loi du Maximum général de septembre 1793 impose des prix plafonds sur les denrées alimentaires et les produits de première nécessité, tandis que la réquisition forcée des grains vise à assurer l'approvisionnement des villes. Cependant, ces mesures aggravent parfois les tensions sociales, notamment en milieu rural, où elles sont perçues comme des atteintes aux libertés économiques.

Au début de l'année 1794, la Terreur atteint son paroxysme. Robespierre, qui a progressivement centralisé son pouvoir au sein du Comité de salut public, est de plus en plus isolé. Les tensions internes au sein du camp montagnard se font plus vives. Robespierre se méfie de ceux qu'il considère comme des factions corrompues ou trop modérées. En mars-avril 1794, il fait arrêter et exécuter deux de ses anciens alliés : Georges Danton, un révolutionnaire populaire, accusé de modérantisme et de corruption, et Camille Desmoulins, son ami de longue date, qui plaidait pour une fin de la Terreur. La chute de Danton et de ses partisans, les Indulgents, provoque un profond malaise dans l’opinion publique et parmi les révolutionnaires eux-mêmes. Simultanément, Robespierre se lance dans une politique de moralisation de la République. Il tente d’instaurer un nouveau culte civique, le culte de l'Être suprême, célébré lors d'une fête nationale en juin 1794. Cette tentative de remplacer le catholicisme par une religion républicaine, centrée sur la vertu et la raison, suscite la méfiance, voire le ridicule, chez nombre de ses contemporains.

En juillet 1794, alors que la situation militaire de la France s’améliore – les armées révolutionnaires ayant remporté plusieurs victoires décisives sur les coalitions étrangères –, la nécessité de maintenir la Terreur est de plus en plus contestée. À Paris, des rumeurs circulent sur une nouvelle purge imminente que Robespierre préparerait pour éliminer ses derniers adversaires. Ses ennemis politiques, au sein même de la Convention et du Comité de salut public, organisent une conspiration contre lui. Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), Robespierre est arrêté par la Convention avec plusieurs de ses alliés, après avoir tenté de prononcer un discours ambigu qui laisse entendre qu’il prépare de nouvelles exécutions. Le lendemain, Robespierre et ses partisans sont exécutés sans procès, marquant la fin de la Terreur.

La chute de Robespierre met un terme à la période de la Terreur, mais elle laisse la France épuisée et traumatisée. La Terreur a coûté la vie à environ 16 000 personnes guillotinées, tandis que des milliers d’autres ont péri en prison ou lors de massacres sommaires, notamment en Vendée. Si la Terreur a permis de consolider la République en éliminant les menaces immédiates, elle a également divisé la société française et laissé un héritage de violence politique. Sur le plan idéologique, la Terreur a marqué un tournant dans l’histoire de la Révolution. Alors que les premiers révolutionnaires prônaient la liberté et l’égalité, la Terreur a montré que ces principes pouvaient être sacrifiés au nom de la survie de l’État. La chute de Robespierre ouvre la voie à une période de réconciliation relative, mais aussi de retour à une forme de gouvernement plus conservateur.

 

Le Directoire - Le Consulat - l’ascension de Napoléon Bonaparte (1794-1815)

La chute de Robespierre en juillet 1794, marquant la fin de la Terreur, ouvre une nouvelle phase de la Révolution française, souvent appelée la période thermidorienne (du nom du mois thermidor dans le calendrier révolutionnaire). Cette période est marquée par une volonté de revenir à une certaine normalité après les excès de la Terreur, tout en conservant les acquis républicains. Le régime qui succède à cette phase de transition est le Directoire, un gouvernement qui va durer de 1795 à 1799, et qui, malgré ses efforts pour stabiliser la situation politique, sera miné par des tensions internes, des complots, et surtout par l'ascension d'une figure militaire exceptionnelle : Napoléon Bonaparte.

 

Le Directoire

Il est institué par la Constitution de l'an III, adoptée en août 1795, qui marque un retour au régime républicain, mais dans une forme plus modérée que celle de la Convention montagnarde. Cette nouvelle constitution, élaborée par les thermidoriens, prévoit un système de séparation des pouvoirs inspiré des idées des Lumières. Le pouvoir exécutif est confié à un Directoire de cinq membres, tandis que le pouvoir législatif est exercé par deux chambres : le Conseil des Anciens et le Conseil des Cinq-Cents. Ce système bicaméral est censé garantir un équilibre entre les différentes forces politiques, tout en limitant les risques de dérive dictatoriale.

Le Directoire est donc un régime de compromis, mais il est rapidement confronté à des difficultés majeures, tant sur le plan économique que politique. Sur le plan économique, la France est encore en proie à de graves crises financières, en partie héritées des dépenses militaires colossales engagées pendant les années de guerre révolutionnaire. L'inflation galopante, la dévaluation de la monnaie et les difficultés d’approvisionnement créent un mécontentement généralisé, notamment parmi les classes populaires.

Sur le plan politique, le Directoire doit composer avec deux extrêmes : d’un côté, les royalistes, qui aspirent à un retour à la monarchie, et de l’autre, les républicains radicaux, dont certains regrettent les mesures de la Terreur. Plusieurs complots se succèdent, notamment celui de Babeuf en 1796, visant à rétablir une république égalitaire et révolutionnaire. Ce Complot des Égaux, bien que rapidement réprimé, témoigne de la fragilité du régime.

Le Directoire, pour assurer sa survie, doit aussi s’appuyer sur l’armée, qui devient de plus en plus influente dans la gestion des affaires publiques. C'est dans ce contexte que se distingue le jeune général Napoléon Bonaparte, qui va progressivement s'imposer comme la figure incontournable de la scène politique française.

Napoléon Bonaparte, né en 1769 en Corse, a connu une ascension fulgurante grâce à ses succès militaires pendant la Révolution. Sa première grande campagne victorieuse se déroule en Italie, où il est nommé à la tête de l'armée française en 1796. Grâce à une série de brillantes victoires contre les Autrichiens et les Piémontais, il parvient à conquérir la péninsule italienne et à établir la République cisalpine sous influence française. Ces succès militaires renforcent la position de la France en Europe, tout en consolidant le prestige personnel de Napoléon. Ce dernier négocie la paix de Campo-Formio avec l'Autriche en 1797, un traité qui lui permet de renforcer son image de conquérant.

En 1798, Napoléon entreprend une expédition en Égypte, avec pour objectif de couper la route britannique vers les Indes et de créer un nouvel empire oriental. Si la campagne égyptienne est marquée par la victoire terrestre à la bataille des Pyramides en juillet 1798, elle se solde par un échec naval cuisant avec la défaite de la flotte française à la bataille d'Aboukir, face à l'amiral britannique Horatio Nelson. Malgré cet échec, Napoléon parvient à maintenir une aura de gloire en rentrant en France à temps pour jouer un rôle politique déterminant.

En 1799, la France est de nouveau en guerre contre la Deuxième Coalition, formée par l'Autriche, la Russie, le Royaume-Uni et d'autres puissances européennes. Le Directoire est affaibli par ces guerres incessantes, la crise économique, et la multiplication des complots. C’est dans ce contexte de crise que Napoléon, de retour d’Égypte, décide de s'emparer du pouvoir. Avec le soutien de certains membres du Directoire et de l'armée, il organise le coup d’État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), qui renverse le Directoire et établit un nouveau régime : le Consulat. Napoléon devient alors Premier Consul, concentrant progressivement l'ensemble des pouvoirs entre ses mains.

 

Le Consulat (1799-1804)

Il marque une rupture avec les précédents régimes révolutionnaires. Napoléon met en place une dictature républicaine, où les institutions sont maintenues en apparence, mais où le pouvoir réel est entièrement entre les mains du Premier Consul. La Constitution de l’an VIII, qui instaure le Consulat, est fortement centralisée et autoritaire. Le pouvoir exécutif est exercé par trois consuls, mais seul Napoléon dispose de l'autorité réelle.

Durant cette période, Napoléon consolide son pouvoir en menant une série de réformes qui modernisent l'État français tout en maintenant certains acquis de la Révolution. Il crée notamment la Banque de France en 1800 pour stabiliser l'économie, réorganise l’administration territoriale avec la création des préfets, et rétablit la paix religieuse avec le Concordat signé avec le pape en 1801. Ce dernier acte met fin à la déchristianisation forcée des années révolutionnaires et rétablit des relations apaisées entre l’Église catholique et l’État français, tout en maintenant la soumission de l’Église au pouvoir civil.

Sur le plan militaire, Napoléon remporte de nouveaux succès. En 1800, il traverse les Alpes avec son armée et remporte la bataille de Marengo contre les Autrichiens, consolidant ainsi son pouvoir en France et en Europe. La paix est temporairement rétablie avec les puissances européennes par le Traité d'Amiens signé avec le Royaume-Uni en 1802, ce qui permet à Napoléon de renforcer sa position intérieure. En 1802, un plébiscite le confirme en tant que Premier Consul à vie, un pas de plus vers la dictature.

 

Le Premier Empire (1704-1815)

Le 2 décembre 1804, Napoléon se fait sacrer Empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier, lors d'une cérémonie somptueuse à la cathédrale Notre-Dame de Paris, en présence du pape Pie VII. Ce couronnement marque l’avènement du Premier Empire, qui se présente comme une continuation des principes révolutionnaires (égalité devant la loi, méritocratie), tout en réinstaurant une forme de monarchie autoritaire et héréditaire. Napoléon centralise encore davantage le pouvoir, se donnant les attributs d'un monarque absolu, mais avec le soutien populaire acquis par des plébiscites.

Durant la première phase de l’Empire, Napoléon continue de mener une politique expansionniste en Europe. Il affronte de nouvelles coalitions de puissances européennes, mais grâce à ses talents militaires, il remporte des victoires décisives. Napoléon est non seulement un conquérant, mais aussi un réformateur. Ses réformes en France touchent de nombreux aspects de la société, de l'économie, de l'éducation et du droit. L’une des contributions les plus durables de Napoléon est la promulgation du Code civil en 1804, souvent appelé le Code Napoléon. Ce texte unifie et simplifie le droit civil français en garantissant l’égalité devant la loi et la protection de la propriété privée. Le Code civil influence profondément les systèmes juridiques en Europe et dans le monde, en servant de base à de nombreuses législations modernes.

Napoléon réorganise l’administration française en créant un système centralisé et hiérarchisé. Les préfets, nommés par le gouvernement, deviennent les représentants du pouvoir central dans chaque département, assurant ainsi une gestion uniforme et efficace du territoire. Napoléon réforme également l’économie en stabilisant la monnaie avec la création de la Banque de France en 1800, qui joue un rôle crucial dans le financement de ses guerres. Il modernise les infrastructures, notamment avec des projets de construction de routes et de canaux pour améliorer le commerce et la mobilité à travers le pays. Il réorganise le système éducatif français en fondant des lycées pour former les élites civiles et militaires du pays. Il crée également l'Université impériale, qui centralise et contrôle l'ensemble du système éducatif, avec un accent sur la formation scientifique, militaire et administrative.

En 1801, Napoléon signe le Concordat avec le pape Pie VII, rétablissant des relations diplomatiques avec l'Église catholique après les tensions de la Révolution. Ce concordat rétablit la paix religieuse en France tout en maintenant une certaine laïcité dans l'État. En 1804, Napoléon se fait couronner empereur des Français, marquant la transformation de la République en un Empire autoritaire. Son règne impérial est caractérisé par une politique étrangère agressive visant à étendre la domination française sur l'Europe.

Napoléon mène parallèlement une série de campagnes militaires connues sous le nom de guerres napoléoniennes (1803-1815). Grâce à des réformes militaires et à des stratégies innovantes, il défait plusieurs coalitions formées par les puissances européennes pour contrer la France. Napoléon bâtit une armée gigantesque appelée la Grande Armée, qu'il utilise pour conquérir et soumettre de vastes régions d'Europe. Ses victoires les plus notables :

- La bataille d'Austerlitz (1805), souvent considérée comme sa plus grande victoire, où il bat les armées autrichienne et russe.

- La bataille de Jena-Auerstedt (1806), qui écrase la Prusse.

- La bataille de Wagram (1809), contre l'Autriche.

Pour affaiblir la Grande-Bretagne, Napoléon met en place le Blocus continental en 1806, interdisant aux pays européens de commercer avec l’Angleterre. Cette stratégie économique vise à ruiner l'économie britannique, mais elle affecte également les économies européennes et conduit à des tensions croissantes avec les pays soumis au blocus. L’une des grandes erreurs stratégiques de Napoléon est son invasion de la Russie en 1812. Après avoir rassemblé la plus grande armée jamais vue, Napoléon pénètre en Russie, mais l’immensité du territoire et la tactique de la terre brûlée des Russes affaiblissent son armée. La retraite de Russie est un désastre, coûtant la vie à des centaines de milliers de soldats.

Cependant, à partir de 1812, les difficultés s’accumulent pour Napoléon. La campagne de Russie s'avère désastreuse : après avoir conquis Moscou, il est contraint de battre en retraite face à l’hiver et à la résistance russe, perdant une grande partie de son armée. Cette défaite affaiblit considérablement Napoléon et encourage ses ennemis européens à former la Sixième Coalition. En 1813, après la défaite à la bataille de Leipzig, Napoléon est contraint de se retirer en France.

En 1814, les armées alliées envahissent la France, et Napoléon abdique le 6 avril 1814, exilé sur l’île d’Elbe. Toutefois, en 1815, il parvient à s’échapper et revient brièvement au pouvoir lors des Cent-Jours, avant d’être définitivement vaincu à la bataille de Waterloo le 18 juin 1815 par une coalition dirigée par le duc de Wellington. Napoléon abdique une seconde fois et est exilé sur l’île de Sainte-Hélène, où il meurt en 1821. Sa chute met fin à la première phase de l’aventure impériale française et ouvre la voie à la Restauration monarchique en France.

 

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2-Restauration, Monarchie de Juillet et Second Empire

La Restauration ou le retour de la monarchie

La période qui s’étend de la Restauration des Bourbons en 1814 à la fin de la Monarchie de Juillet en 1848 est une phase complexe de l’histoire de France, marquée par la difficile réconciliation entre les idéaux de la Révolution et les aspirations à une monarchie conservatrice. C’est une époque d’instabilité politique, où plusieurs régimes se succèdent, témoignant des tensions sociales et politiques qui parcourent la société française après la chute de Napoléon.

La Restauration des Bourbons (1814-1830) commence avec le retour des Bourbons sur le trône de France après la première abdication de Napoléon Ier en avril 1814. Louis XVIII, frère cadet de Louis XVI, monte sur le trône dans un contexte politique extrêmement délicat. Il doit gouverner un pays profondément transformé par la Révolution et l’Empire, tout en tentant de rétablir l’autorité monarchique.

 

Le premier règne de Louis XVIII (1814-1815):

Après la chute de Napoléon, les puissances européennes, réunies au Congrès de Vienne, décident du sort de la France. Louis XVIII est installé comme roi, mais il doit accepter une Charte constitutionnelle, adoptée en 1814, qui fait office de compromis entre les acquis de la Révolution et l’ancien régime monarchique. Cette charte, accordée de manière unilatérale par le roi et non concédée sous la pression d’une Assemblée, établit un système de monarchie constitutionnelle :

- Le roi détient le pouvoir exécutif, mais il doit partager le pouvoir législatif avec deux chambres : la Chambre des pairs, composée de membres nommés à vie par le roi, et la Chambre des députés, élue au suffrage censitaire, ce qui signifie que seuls les plus riches ont le droit de voter.

- La Charte réaffirme certains acquis de la Révolution, comme l’égalité devant la loi, la liberté de la presse (avec des restrictions), et la reconnaissance de la propriété des biens nationaux (c'est-à-dire les biens confisqués à l’Église et aux émigrés pendant la Révolution).

- La religion catholique est rétablie comme religion d’État, mais la liberté de culte est garantie.

Louis XVIII, conscient des divisions profondes au sein de la société française, tente de concilier les royalistes ultras, favorables à un retour complet à l’ancien régime, et les libéraux, héritiers des idéaux révolutionnaires.

Cependant, la monarchie restaurée est rapidement menacée par le retour de Napoléon lors des Cent-Jours (mars-juin 1815). Louis XVIII doit s’exiler pendant cette période, mais après la défaite de Napoléon à Waterloo, il revient sur le trône en juillet 1815.

 

Le second règne de Louis XVIII (1815-1824)

La seconde Restauration est marquée par des tensions croissantes entre les différentes factions politiques. Les ultras-royalistes, menés par le comte d’Artois (le futur Charles X), prennent progressivement le contrôle de la Chambre des députés après les élections de 1815, surnommées la Chambre introuvable en raison de la majorité écrasante de députés ultra-conservateurs. Ils réclament une restauration complète des privilèges de l’ancien régime et une politique de répression des héritiers de la Révolution et de l’Empire.

Le gouvernement de Louis XVIII, bien qu’influencé par les ultras, reste modéré. Il tente de préserver une forme d'équilibre entre les différentes forces politiques. Cependant, sous la pression des ultras, plusieurs lois réactionnaires sont adoptées, comme la loi sur les sacrilèges ou la loi du double vote en 1820, qui renforce le pouvoir électoral des propriétaires fonciers.

Louis XVIII meurt en 1824, et son frère, Charles X, lui succède, incarnant une forme de monarchie beaucoup plus conservatrice.

 

Le règne de Charles X (1824 - 1830)

Le règne de Charles X, frère cadet de Louis XVI et dernier roi de la branche aînée des Bourbons, est une période marquée par une volonté de restauration des valeurs monarchiques traditionnelles et une série de mesures conservatrices qui provoqueront des tensions croissantes avec les forces libérales et républicaines. Son accession au trône, le 16 septembre 1824, survient dans un contexte politique délicat, alors que la France est encore sous l'influence des conséquences de la Révolution et de l'Empire.

Charles X, fervent défenseur de l’absolutisme monarchique, cherche à restaurer l’autorité royale dans toute sa puissance et à revenir aux principes de l’Ancien Régime. Son règne est marqué par une tentative de revenir sur certains acquis révolutionnaires, ce qui provoque un mécontentement croissant au sein de la population, notamment parmi la bourgeoisie et les classes populaires.

Charles X est couronné en 1825 lors d’une cérémonie fastueuse et solennelle à Reims, qui symbolise son désir de renouer avec les traditions monarchiques d'Ancien Régime. Il adopte immédiatement une politique de retour à l'absolutisme, s'appuyant sur les nobles et l'Église pour restaurer les valeurs d'un temps révolu. Cela se traduit par plusieurs décisions politiques :

- Loi d’indemnisation des émigrés (1825) : Cette loi accorde des compensations financières aux nobles ayant fui la Révolution, marquant une volonté de réparer les injustices perçues par les royalistes.

- La loi sur le sacrilège (1825) : Elle impose des peines sévères pour les actes de profanation envers les symboles religieux, témoignant de l'influence croissante de l'Église dans les affaires de l'État.

- Célébrations religieuses : Charles X insiste sur le caractère catholique de la France et encourage les manifestations publiques de la foi, ce qui suscite l’inquiétude des libéraux et des républicains.

Sous le règne de Charles X, la liberté de la presse est considérablement restreinte. Le gouvernement impose une censure rigoureuse, interdisant la publication d'articles critiques envers la monarchie et réprimant les mouvements d'opposition. Cette politique de répression est perçue comme une attaque contre les libertés fondamentales, alimentant le mécontentement au sein de la population, notamment parmi les intellectuels et les bourgeois libéraux. Les tensions politiques s'intensifient à mesure que le régime de Charles X adopte des mesures de plus en plus répressives. En 1827, la Chambre des députés, largement dominée par des députés libéraux, exprime son mécontentement face à la politique de Charles X. La situation devient explosive, et le climat politique s’alourdit avec l’avènement d’une opposition organisée, regroupant des républicains, des libéraux et des bonapartistes.

 

La montée des oppositions

Les élections législatives de 1827 révèlent un net affaiblissement de la majorité royaliste. En réponse, Charles X décide de dissoudre la Chambre et de convoquer de nouvelles élections, mais celles-ci ne lui sont pas favorables. En 1830, des manifestations de rue éclatent à Paris en raison de la crise politique, alimentées par des revendications de liberté et d’égalité. Les tensions culminent lorsque le gouvernement impose des ordonnances de Saint-Cloud (25 juillet 1830), qui suspendent la liberté de la presse, dissolvent la Chambre des députés et convoquent des élections. Ces ordonnances provoquent un soulèvement populaire à Paris, les Trois Glorieuses (27-29 juillet 1830). Les insurgés, majoritairement issus de la bourgeoisie et des classes populaires, prennent le contrôle de la capitale, et Charles X est contraint d’abdiquer et de s’exiler.

La révolution de Juillet met fin à la branche aînée des Bourbons et ouvre la voie à l'avènement de la Monarchie de Juillet, avec l'installation de Louis-Philippe d'Orléans sur le trône.

Dans le contexte de cette révolution, un nouveau compromis s’opère. Les leaders des mouvements républicains et libéraux, craignant l’instabilité et un retour à l’absolutisme, se tournent vers Louis-Philippe d'Orléans, un cousin éloigné de Charles X, qui avait des liens avec la bourgeoisie et était perçu comme un « roi citoyen ». Ce régime se présente comme une monarchie "bourgeoise", s'appuyant sur la bourgeoisie libérale et les principes de la Révolution de 1789, mais tout en conservant une structure monarchique.

Louis-Philippe est donc proclamé roi le 9 août 1830, sous le titre de roi des Français, marquant un changement dans la légitimité monarchique : il se présente comme le souverain du peuple plutôt que par droit divin. 

 

La Monarchie de Juillet et le règne de Louis-Philippe (1830-1848)

Louis-Philippe est surnommé le "Roi-citoyen" en raison de son apparence modeste et de son désir d’apparaître comme un monarque proche du peuple, en contraste avec le faste et l'absolutisme de Charles X. La Charte révisée de 1830 renforce les principes libéraux : la religion catholique n’est plus religion d’État mais seulement "religion de la majorité des Français", et la censure est abolie. Cependant, le suffrage reste censitaire, et seuls les plus riches ont le droit de vote, limitant ainsi la participation politique de la majorité de la population.

Le règne de Louis-Philippe est marqué par une relative stabilité économique et un renforcement des institutions parlementaires, mais aussi par des tensions sociales croissantes. Le régime s’appuie sur la bourgeoisie d’affaires, qui profite des transformations économiques de l’époque, notamment avec la révolution industrielle naissante. Cependant, les classes populaires, ouvriers et paysans, sont largement exclues de la vie politique et économique, ce qui alimente le mécontentement.

Dans les années 1840, la situation économique se détériore. Les mauvaises récoltes de 1846-1847 provoquent une grave crise alimentaire et une montée des prix, tandis que la montée du chômage dans les secteurs industriels urbains exacerbe les tensions sociales. En parallèle, les idées républicaines et socialistes gagnent du terrain, alimentées par les écrits de penseurs comme Louis Blanc ou Pierre-Joseph Proudhon, qui critiquent les inégalités croissantes et l’absence de réformes sociales.

Depuis son accession au trône en 1830, Louis-Philippe a tenté de maintenir un équilibre entre les intérêts de la bourgeoisie et les aspirations populaires. Cependant, plusieurs facteurs ont conduit à un climat de tensions croissantes :

- Insatisfaction économique : La France connaît des crises économiques récurrentes dans les années 1840, avec une hausse du chômage, une stagnation des salaires et une crise agricole. Ces difficultés touchent particulièrement les classes populaires et les ouvriers.

- Répression politique : Le gouvernement de Louis-Philippe a mis en place une politique de répression contre les mouvements d’opposition. Les banquets républicains, qui sont des rassemblements politiques pacifiques, sont souvent interdits, ce qui provoque une colère croissante parmi les républicains et les libéraux.

- L’essor du mouvement social : L’émergence d’un mouvement social et ouvrier, inspiré par les idéaux socialistes et républicains, réclame des droits politiques et sociaux. Les républicains demandent la fin de la censure et l’extension du suffrage.

Malgré les appels croissants à la réforme électorale pour élargir le suffrage, Louis-Philippe et son gouvernement, dirigé par des ministres conservateurs comme François Guizot, refusent tout changement. La situation devient explosive en février 1848, lorsque le gouvernement interdit une campagne de banquets républicains organisés par l’opposition. Le 22 février 1848, le gouvernement de Louis-Philippe interdit un banquet républicain prévu à Paris, qui devait rassembler des partisans de la démocratie et des réformes. Cette interdiction est perçue comme une provocation et un affront aux droits civiques. pour contourner l'interdiction de réunions politiques. Cet acte déclenche une vague de manifestations à Paris. Les nouvelles de l’interdiction se propagent rapidement et provoquent des manifestations dans les rues de Paris. Des milliers de personnes, incluant des ouvriers, des étudiants et des intellectuels, descendent dans les rues pour exprimer leur mécontentement face à la répression et réclamer la liberté et des réformes politiques. Des barricades sont érigées, et les tensions montent rapidement. La situation s’envenime au fil des jours, et les manifestations se transforment en émeutes. Les journées de février, qui culminent du 23 au 25 février, sont marquées par des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre. Les émeutiers s’attaquent aux bâtiments gouvernementaux, et la colère populaire s’intensifie.

Le 24 février, Louis-Philippe, confronté à l’impossibilité de contenir la révolte et à une armée qui refuse de tirer sur les manifestants, abdique et s’enfuit en Angleterre. Dans le vide du pouvoir qui s'ensuit, un gouvernement provisoire est formé, composé de républicains modérés et radicaux, qui proclame la Deuxième République le 25 février. Le gouvernement provisoire prend rapidement des mesures importantes :

- Suffrage universel masculin : La proclamation du suffrage universel masculin est un acte majeur qui élargit considérablement la base électorale, permettant aux ouvriers et aux paysans de participer au processus politique. Le suffrage est élargi à tous les hommes, élargissant ainsi la base électorale.

- Création des ateliers nationaux :  Face au chômage croissant et à la détresse des classes populaires, le gouvernement met en place des ateliers nationaux pour offrir du travail aux chômeurs. Cette initiative vise à répondre à la crise sociale, mais elle s’avérera rapidement coûteuse et inefficace.

- Liberté de la presse : La liberté d’expression et de réunion est rétablie, permettant aux citoyens de s'organiser et de s'exprimer. Le gouvernement garantit également des libertés fondamentales, liberté de la presse, de réunion et d’expression, permettant un essor du débat public et des mouvements sociaux.

La Révolution de Février 1848 marque ainsi un tournant décisif dans l’histoire de France, avec l’espoir de réformes sociales et politiques et un engagement envers les idéaux républicains. Cependant, les tensions entre les différentes factions politiques et les classes sociales vont rapidement resurgir, posant les bases des conflits à venir dans les mois suivants.

 

Proclamation de la République (1848 - 1852) et Gouvernement provisoire

La proclamation de la République est accueillie avec enthousiasme par une partie de la population, notamment les républicains, les socialistes et les ouvriers, qui espèrent que ce nouveau régime apportera des réformes sociales et politiques significatives. Un gouvernement provisoire est constitué, composé de divers représentants des différentes tendances républicaines, y compris des modérés et des radicaux. Parmi les figures marquantes de ce gouvernement, on trouve Louis Blanc, qui défend les idées socialistes, et Alfred de Lamartine, qui incarne le républicanisme libéral. Les premières élections législatives de la Deuxième République, qui se tiennent en avril 1848, marquent une étape cruciale. Elles aboutissent à l’élection d’une Assemblée nationale constituante dominée par des députés modérés et conservateurs, qui sont moins enclins à promouvoir des réformes radicales. Parmi les députés élus, de nombreux membres du parti de l'Ordre cherchent à préserver les acquis des classes moyennes et à freiner les aspirations sociales des ouvriers.

Le 23 juin 1848, des émeutes éclatent à Paris en raison de la décision du gouvernement d'abolir les ateliers nationaux, perçue comme une trahison par les ouvriers. Ces émeutes, connues sous le nom de journées de juin, sont violemment réprimées par l'armée. Cet événement souligne les tensions croissantes entre les différentes classes sociales et les factions politiques au sein de la République.

En décembre 1848, les Français se rendent aux urnes pour élire un président de la République. Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier, est élu avec un large soutien populaire. Sa campagne se base sur l’héritage napoléonien et sur des promesses de réformes sociales.

 

Le Second Empire (1852-1870)

Le Second Empire naît du coup d'État du 2 décembre 1851, lorsque Louis-Napoléon Bonaparte, élu président de la Deuxième République en décembre 1848, dissout l’Assemblée nationale et organise un référendum pour se doter de pouvoirs exceptionnels. Le 7 novembre 1852, il se proclame empereur sous le nom de Napoléon III. Son accession au trône s'inscrit dans un contexte de désir de stabilité politique après les troubles de la Deuxième République, marquée par des tensions entre différentes factions politiques.

Le régime de Napoléon III se caractérise par un autoritarisme éclairé. Bien qu’il maintienne un semblant de démocratie avec des élections, les libertés individuelles sont restreintes. Les principaux aspects de ce régime comprennent :

- Contrôle de la presse : La censure est renforcée, limitant la liberté d'expression. Seuls les journaux favorables au régime peuvent s’exprimer librement, tandis que les critiques sont souvent réprimées.

- Répression des oppositions : Les mouvements politiques d'opposition, notamment républicains et socialistes, sont souvent réprimés. Les opposants au régime peuvent être emprisonnés ou exilés.

À partir de 1860, Louis-Napoléon commence à assouplir son autoritarisme par ce qu'on appelle le « libéralisme impérial » :

- Réformes électorales : Le régime accorde plus de liberté aux assemblées et permet une certaine opposition parlementaire, notamment avec la promulgation de nouvelles lois sur les libertés publiques en 1868.

- Amélioration des droits civiques : Bien que le pouvoir impérial reste dominant, des mesures sont prises pour élargir les droits civiques, comme la liberté de réunion et de presse.

Le Second Empire se distingue par une politique de modernisation économique et d'industrialisation rapide :

- Infrastructures : Le développement des chemins de fer est un élément clé de l'économie. Le réseau ferroviaire s'étend considérablement, facilitant les transports de marchandises et de personnes, stimulant l'économie.

- Industries : La période voit l’émergence de nombreuses industries, notamment le textile, la métallurgie et la construction. L'État joue un rôle actif en soutenant des projets industriels et en encourageant l'investissement.

- Haussmannisation : Sous la direction du préfet de la Seine, le baron Georges-Eugène Haussmann, Paris est transformée en une ville moderne avec de larges boulevards, des parcs, et des infrastructures modernes (égouts, aqueducs). Cette transformation vise non seulement à améliorer les conditions de vie, mais aussi à faciliter le contrôle social et à prévenir les émeutes en évitant les rues étroites et sinueuses.

- Amélioration des conditions de vie : Le régime met en place certaines réformes sociales, telles que des initiatives pour améliorer l'habitat urbain, des mesures d'hygiène publique et des politiques de santé.

- Soutien à l'éducation : Bien que l'éducation soit largement sous le contrôle de l'Église, des écoles publiques sont établies pour encourager l'éducation de la classe ouvrière.

Le Second Empire est également marqué par une politique étrangère ambitieuse. Napoléon III intervient dans la guerre de Crimée aux côtés du Royaume-Uni et de l'Empire ottoman contre la Russie. Cette guerre a pour but de restaurer l'équilibre des puissances en Europe. La victoire à Sébastopol permet à Napoléon III de renforcer sa popularité et de présenter son régime comme un acteur majeur sur la scène internationale. Le Second Empire s’engage aussi dans des campagnes coloniales, notamment en Algérie et au Mexique. L'expédition au Mexique, qui vise à établir un empire français en Amérique latine sous le règne de l'archiduc Maximilien, se soldera par un échec, et la perte de prestige pour Napoléon III. De plus, la France se heurte à des tensions croissantes en Europe, en particulier avec la montée en puissance de la Prusse sous Otto von Bismarck.

La guerre franco-prussienne de 1870 éclate principalement en raison de tensions croissantes entre la France de Napoléon III et la Prusse d’Otto von Bismarck, qui aspire à unifier les États allemands sous son leadership. Un incident diplomatique autour de la succession au trône d'Espagne, où un prince prussien est proposé, intensifie les tensions. La France, craignant un encerclement par une Allemagne unifiée, demande des garanties de la Prusse. Bismarck manipule alors la "dépêche d'Ems" pour humilier la France, attisant le nationalisme et poussant Napoléon III à déclarer la guerre le 19 juillet 1870. La guerre éclate. Au début, les forces françaises semblent bien préparées, mais rapidement, elles rencontrent des difficultés sur le terrain. La défaite française à Sedan (1er septembre 1870) est décisive : Louis-Napoléon est capturé, et le régime s'effondre. Le 4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée à Paris, marquant la fin du Second Empire.

Le Second Empire, bien qu'initialement porteur d'une vision de modernisation et de stabilité, est finalement détruit par une combinaison de crises internes, de tensions internationales et d'une guerre désastreuse. Son héritage est complexe : il a modernisé la France et transformé Paris, mais a également révélé les failles d'un régime autoritaire face aux aspirations démocratiques et aux défis contemporains. La défaite décisive de Sedan met un terme à la guerre franco-prussienne pour la France et marque la fin du Second Empire. Napoléon III, accompagné de 100 000 soldats français, est encerclé par les forces prussiennes et contraint de se rendre. Sa capture provoque un choc en France, et deux jours plus tard, le 4 septembre 1870, la Troisième République est proclamée à Paris, mettant officiellement fin à son règne. Napoléon III est ensuite exilé au Royaume-Uni, où il passera le reste de sa vie jusqu'à sa mort en 1873. La France perd en même temps l'Alsace et la Lorraine.

 

Pour aller plus loin

LIVRES

MEDIAS

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3-L'avènement de la République

Le début de la 3ème République

La Troisième République (1870-1940) est une période marquante de l’histoire de France, installée après la défaite de Napoléon III face à la Prusse et caractérisée par une transition vers un régime parlementaire républicain. C’est aussi une période marquée par des épisodes violents, des réformes majeures, une expansion coloniale, et la Première Guerre mondiale. Ce régime, installé dans la foulée de la défaite militaire de Napoléon III à Sedan et de la chute du Second Empire, débute sous des auspices précaires, dans un pays en proie à l’instabilité politique, aux divisions sociales, et aux séquelles de la guerre contre la Prusse.

La République s'installe dans un contexte marqué par des tensions et des défis énormes : la perte des territoires d'Alsace et de Lorraine à la suite du Traité de Francfort en 1871, l’indemnité de guerre écrasante imposée par l'Allemagne, et une atmosphère de vengeance nationale qui anime une partie de la société française. Dans ce climat tendu, la République doit non seulement gagner en légitimité, mais aussi surmonter des tentatives de restauration monarchique, et instaurer des réformes pour unifier le pays autour des valeurs républicaines. La Troisième République est proclamée le 4 septembre 1870 dans un contexte de crise profonde après la défaite de Napoléon III à Sedan et sa capture par les forces prussiennes. Les républicains prennent le pouvoir en formant un gouvernement de défense nationale dirigé par le général Louis-Jules Trochu. Cependant, la France est toujours en guerre, et Paris subit un long siège par l’armée prussienne jusqu’à la capitulation le 28 janvier 1871.

Après cette défaite, le traité de Francfort signé en mai 1871 impose des conditions humiliantes : l’Alsace et une partie de la Lorraine sont annexées par l’Allemagne, et la France doit payer une indemnité de guerre colossale. Ces pertes territoriales et la pression économique déclenchent un fort ressentiment national et divisent davantage le pays.

La Commune de Paris

La Commune de Paris, instaurée entre mars et mai 1871, est l’une des plus grandes crises de la Troisième République et un événement marquant de l’histoire politique et sociale française. Elle éclate dans un contexte de frustration populaire face à l’humiliation de la défaite de 1870 et aux conditions drastiques du Traité de Francfort, imposées par la Prusse. La guerre laisse Paris assiégé et ruiné, et la paix est perçue comme une trahison par une large partie de la population, en particulier par les ouvriers et les classes populaires parisiennes, qui souhaitent défendre les idéaux républicains et progressistes.

Les causes de la Commune de Paris sont multiples et profondes :

Le mécontentement populaire : Le siège de Paris par les Prussiens et les privations qui en résultent exacerbent la pauvreté et le ressentiment des classes populaires.

Les tensions sociales et politiques : La méfiance envers les institutions monarchistes ou modérées, ainsi que l'influence des idéaux socialistes et républicains radicaux, alimente un désir de gouvernance autonome.

Le contexte politique : Le gouvernement conservateur de Thiers, installé à Versailles, est perçu comme un abandon de la défense de Paris et un retour vers un ordre social favorable aux élites et aux monarchistes.

La Commune tente de mettre en place des réformes audacieuses en faveur de la justice sociale et d’une organisation politique plus démocratique :

Laïcité et éducation : Elle introduit une éducation laïque et gratuite, cherchant à émanciper le peuple par le savoir.

Égalité et droits sociaux : La Commune instaure l’égalité salariale pour certaines professions, limite la journée de travail et abolit certaines amendes jugées oppressives pour les travailleurs.

Décentralisation et démocratie directe : Elle propose une gestion décentralisée, encourageant l’autonomie locale des municipalités et un fonctionnement participatif de la démocratie.

La Semaine Sanglante (21-28 mai 1871) marque la fin tragique de la Commune. Les forces versaillaises reprennent Paris avec une violence extrême, faisant entre 20 000 et 30 000 morts parmi les communards, tandis que des milliers d’autres sont emprisonnés ou exilés. Cette répression laisse des cicatrices profondes et cristallise une hostilité durable entre les républicains modérés au pouvoir et les mouvements socialistes ou ouvriers. La Troisième République naît donc dans une atmosphère de méfiance et de divisions sociales, mais cet épisode pousse aussi la République à réfléchir à des réformes pour mieux intégrer la classe ouvrière et stabiliser le régime.

Dans les années qui suivent la Commune, la Troisième République doit affronter des tentatives de restauration monarchique, alimentées par des groupes conservateurs et royalistes qui voient la République comme un régime fragile et temporaire. Entre 1871 et 1877, les monarchistes obtiennent des majorités dans les assemblées et espèrent restaurer la monarchie en France, notamment avec Henri d'Artois, comte de Chambord, descendant de la branche aînée des Bourbons. Cependant, l’intransigeance de Chambord sur la question du drapeau (il refuse le drapeau tricolore, symbole de la Révolution) et ses exigences monarchiques intransigeantes empêchent une restauration.

En 1877, la crise du 16 mai constitue un tournant décisif. Le président Patrice de Mac Mahon, monarchiste, entre en conflit avec les républicains de l’Assemblée et tente de dissoudre la Chambre pour organiser de nouvelles élections, espérant une majorité plus favorable à une restauration monarchique. Cependant, les républicains remportent les élections et parviennent à consolider leur emprise sur les institutions. Cette victoire marque le début de la République parlementaire, mettant fin aux espoirs monarchistes et installant durablement la Troisième République. Avec l’installation des républicains au pouvoir, la Troisième République s’engage dans une série de réformes sociales et éducatives, visant à renforcer les valeurs républicaines et à transformer la société française. Jules Ferry, figure emblématique de cette politique réformatrice, impulse des lois qui vont marquer durablement la France.

 

La stabilisation de la 3ème République

Les lois scolaires de Jules Ferry (1881-1882) instaurent un enseignement primaire gratuit, laïque et obligatoire pour tous les enfants. Ces réformes visent à :

  • Démocratiser l’éducation : Permettre l’accès à l’instruction pour tous, indépendamment du statut social, afin de former des citoyens éclairés et responsables.
  • Renforcer la laïcité : En excluant l’Église de l’éducation, l’État instaure un enseignement neutre et républicain, évitant les influences religieuses dans la formation civique.
  • Unifier la nation : Une éducation uniforme à travers le pays contribue à diffuser les valeurs républicaines et à consolider l’identité nationale.

Dans le prolongement de ces lois éducatives, la Troisième République adopte plusieurs réformes sociales visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs :

  • Liberté syndicale : La loi Waldeck-Rousseau de 1884 légalise les syndicats, permettant aux ouvriers de s’organiser pour défendre leurs droits.
  • Liberté de la presse : En 1881, la République accorde la liberté de presse, stimulant le débat public et favorisant l'expression des opinions diverses.

Ces réformes sont essentielles pour asseoir la Troisième République et faire d’elle un régime populaire et intégré, capable de répondre aux aspirations des citoyens tout en consolidant les idéaux républicains de liberté, d’égalité et de fraternité. Dans un contexte de rivalités impériales en Europe, la Troisième République lance une ambitieuse politique d’expansion coloniale en Afrique, en Asie et en Océanie. L’objectif est à la fois économique, stratégique et idéologique : il s’agit de renforcer la puissance française, d’exploiter de nouvelles ressources, et de diffuser la "mission civilisatrice" que la France estime être son devoir.

La France s’établit solidement en :

  • Afrique du Nord : La Tunisie est placée sous protectorat en 1881, suivie du Maroc en 1912. L'Algérie est déjà une colonie depuis 1830.
  • Afrique de l’Ouest et centrale : Les explorations et les conquêtes françaises s’étendent au Sénégal, au Soudan français (actuel Mali), au Dahomey (Bénin), et à d’autres territoires.
  • Indochine : La conquête de l’Indochine débute dans les années 1860 et se poursuit jusqu’à former un vaste territoire incluant le Vietnam, le Cambodge et le Laos.

Les autorités françaises justifient leur politique coloniale en invoquant une mission civilisatrice, arguant qu’il est de leur devoir de diffuser la civilisation, la culture et les valeurs républicaines. Toutefois, cette mission s’accompagne d’une exploitation des ressources locales, d’une domination militaire et économique, et d’une répression des populations autochtones. Cette expansion coloniale laisse une empreinte durable sur les sociétés colonisées et des tensions qui perdurent bien après la décolonisation.

 

L'Affaire Dreyfus

L'Affaire Dreyfus est l'un des événements les plus marquants et clivant de l'histoire de la Troisième République. Elle éclate en 1894 et divise la France pendant plus de dix ans, révélant et exacerbant des tensions profondes au sein de la société et des institutions françaises. À travers cette affaire, la Troisième République doit affronter des enjeux cruciaux autour de la justice, du militarisme, de l'antisémitisme, de la presse et des valeurs républicaines, rendant cette crise emblématique des défis posés à la République.

À la fin du XIXe siècle, l’armée française est marquée par des rivalités internes et une forte méfiance envers l’Allemagne, son ancienne rivale depuis la défaite de 1870 et la perte de l'Alsace et de la Lorraine. Dans ce contexte tendu, où le nationalisme et la suspicion dominent, toute accusation de trahison devient un enjeu de sécurité nationale. L'antisémitisme, par ailleurs, est très répandu au sein des institutions et de l'opinion publique, influencé par des théories xénophobes et des stéréotypes antisémites. En 1894, un officier de l’armée française, le capitaine Alfred Dreyfus, est accusé de haute trahison au profit de l’Allemagne, sur la base d’un document trouvé à l'ambassade d'Allemagne à Paris, le fameux "bordereau", qui détaillait des informations militaires sensibles. Dreyfus, d’origine alsacienne et juive, devient le principal suspect. Les preuves contre lui sont cependant minces, mais le contexte antisémite et la pression pour trouver un coupable conduisent à sa condamnation par un tribunal militaire à la déportation perpétuelle sur l’Île du Diable, en Guyane.

La condamnation de Dreyfus, appuyée par des preuves falsifiées et un climat de méfiance religieuse et ethnique, divise bientôt la société française en deux camps :

  • Les antidreyfusards, souvent issus des milieux nationalistes, militaristes et catholiques, qui voient en Dreyfus le symbole d'une trahison de l'intérieur. Pour eux, l’armée incarne l’honneur et la défense nationale, et remettre en question son jugement revient à affaiblir la France elle-même.
  • Les dreyfusards, partisans de la révision du procès, regroupent des républicains, des socialistes, des intellectuels et des journalistes, qui dénoncent une erreur judiciaire et demandent justice pour Dreyfus au nom des principes républicains de justice et d'égalité. Pour eux, la République doit garantir une justice indépendante et s’opposer à tout jugement vicié par des préjugés.

L’un des plus fervents dreyfusards, l’écrivain Émile Zola, publie en 1898 une lettre ouverte dans le journal L'Aurore, intitulée « J’Accuse… ! ». Dans cette lettre, il accuse nommément l’armée et le gouvernement de falsification, de mensonge et d’injustice. Cet article déclenche une onde de choc nationale et internationale, donnant une visibilité accrue à l’affaire et intensifiant les divisions.

L’Affaire Dreyfus révèle plusieurs problèmes systémiques dans la Troisième République et constitue une crise politique et morale de grande envergure :

  • Justice militaire vs justice civile : L’Affaire montre les risques de l’absence de transparence et de contrôle civil sur les décisions militaires, ouvrant le débat sur la réforme de la justice militaire.
  • Antisémitisme institutionnel : L’antisémitisme qui imprègne les institutions, et en particulier l’armée, est mis en lumière, obligeant les républicains à défendre les principes d’égalité et de non-discrimination.
  • Liberté de la presse : La presse devient un acteur de premier plan dans le débat public. Des journaux prennent position pour ou contre Dreyfus, et les journaux dreyfusards jouent un rôle déterminant dans la mobilisation de l’opinion publique.

En 1899, après une longue campagne des dreyfusards, Alfred Dreyfus obtient un nouveau procès, mais il est à nouveau reconnu coupable par un tribunal militaire, bien que des doutes sérieux pèsent désormais sur sa culpabilité. Face à l'indignation croissante, Dreyfus reçoit une grâce présidentielle, bien qu’il ne soit pas encore innocenté. Il faudra attendre 1906 pour que Dreyfus soit officiellement réhabilité et réintégré dans l’armée, marquant la fin de cette longue lutte pour la vérité.

L'Affaire Dreyfus laisse une empreinte durable dans la société française et la Troisième République. Elle révèle et cristallise les tensions entre républicains, nationalistes, et antisémites, et contribue à une transformation des institutions et de la culture politique française :

  • Consolidation des idéaux républicains : En triomphant des forces antidreyfusardes, la Troisième République réaffirme son attachement aux valeurs de justice, d’égalité et de laïcité, et la nécessité d'une armée soumise aux valeurs républicaines.
  • Renforcement de la laïcité et des droits civiques : L'Affaire Dreyfus contribue à la séparation de l’Église et de l’État en 1905, car les républicains voient l’influence de l’Église comme une menace pour l’égalité républicaine.
  • Émergence de l’intellectualisme engagé : Avec l’intervention d’intellectuels comme Zola, une tradition d’engagement intellectuel pour la défense des droits civiques et des libertés publiques prend racine en France, avec des figures prêtes à défendre les idéaux républicains et la justice sociale.

Ainsi, l’Affaire Dreyfus est bien plus qu’une simple erreur judiciaire. Elle représente un tournant dans l’histoire de la République française, qui doit se confronter à ses propres contradictions et s’engager davantage pour assurer les valeurs fondamentales de justice, de laïcité et d’égalité. En surmontant cette crise, la Troisième République se renforce et parvient à instaurer un modèle républicain qui, malgré ses imperfections, continue d’influencer la politique et la société française.

 

La France à la veille de la 1ère Guerre Mondiale

Au début du XXe siècle, la France vit une période d’importantes transformations, marquée par l’affirmation de la Troisième République, le développement industriel, les tensions sociales et le climat international tendu. Le régime républicain s'est stabilisé et a consolidé ses valeurs, mais il fait face à des enjeux nouveaux et complexes. Ces défis, qui touchent à la fois aux domaines social, politique, militaire et diplomatique, vont progressivement créer un contexte explosif à l'échelle européenne. À la veille de la Première Guerre mondiale, la France se trouve au cœur d’un réseau complexe d’alliances et de rivalités internationales. Deux facteurs essentiels contribuent à la montée des tensions :

La rivalité franco-allemande : Depuis la défaite de 1871 et la perte de l’Alsace-Lorraine, la France nourrit un ressentiment profond envers l'Allemagne, qui devient alors un puissant empire sous la direction de l’empereur Guillaume II. La France désire reprendre ces territoires et cherche à se prémunir contre toute agression allemande, ce qui la pousse à renforcer ses alliances.

Les alliances militaires : Face à la puissance allemande et aux alliances de la Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie et Italie), la France se rapproche de la Russie et du Royaume-Uni pour former la Triple Entente en 1907. Cette alliance militaire, fondée sur la coopération et le soutien mutuel en cas de conflit, vise à contrer la montée en puissance de l’Allemagne et ses ambitions européennes.

À la veille de la Première Guerre mondiale, la Troisième République en France, bien qu’ancrée et stable, est plongée dans un contexte de tensions internationales et de rivalités croissantes. Depuis la défaite de 1871 et la perte de l'Alsace-Lorraine, la France nourrit une vive rancœur envers l'Allemagne. Ce ressentiment, partagé par une partie importante de la population, est accentué par la montée en puissance de l’Empire allemand sous l’empereur Guillaume II, qui adopte une politique militariste et expansionniste. Craignant une nouvelle attaque de son voisin d’outre-Rhin, la France renforce ses alliances. Ainsi naît la Triple Entente, qui lie la France à la Russie et au Royaume-Uni. Ce réseau d’alliances vise à contrer les ambitions de la Triple Alliance, regroupant l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie, et à dissuader toute velléité d’agression. Cette situation crée un climat de méfiance, chaque puissance renforçant ses capacités militaires pour se prémunir contre une guerre toujours plus probable.

Ce climat de tension se cristallise également dans des crises diplomatiques successives, telles que les crises marocaines de Tanger en 1905 et d'Agadir en 1911, où la France tente d’imposer son protectorat sur le Maroc, provoquant la colère de l’Allemagne qui s’inquiète de cette expansion française en Afrique du Nord. Bien qu'un accord soit finalement trouvé, ce qui apaise temporairement les relations franco-allemandes, ces épisodes accentuent la perception, en France, de l'Allemagne comme une menace persistante. Cette rivalité pousse les deux nations à s'engager dans une course aux armements. En France, cela se traduit par une augmentation des dépenses militaires et une prolongation de la durée du service militaire, visant à assurer la défense du territoire national en cas de conflit.

Sur le plan intérieur, la Troisième République est en pleine expansion coloniale. L’empire colonial français, qui s'étend de l’Afrique à l’Asie, est perçu comme un symbole de puissance et de prestige. Cette politique d'expansion est motivée par des intérêts économiques, les colonies fournissant des ressources précieuses et des débouchés pour l'industrie française en plein essor. Les colonies deviennent un pilier économique important, renforçant la place de la France dans le commerce mondial. Cependant, cette expansion suscite également des débats au sein de la société française, certains républicains dénonçant les contradictions entre les idéaux républicains et la domination coloniale, qui repose sur la soumission de peuples étrangers.

Sur le plan social, la France connaît de profondes transformations. L’industrialisation entraîne une urbanisation rapide et la croissance d'une classe ouvrière de plus en plus nombreuse. Les conditions de vie et de travail difficiles, ainsi que les inégalités sociales, engendrent des tensions sociales croissantes. Le mouvement ouvrier se structure autour de syndicats comme la Confédération générale du travail (CGT), qui organisent des grèves massives pour réclamer des réformes sociales. Sous la pression de ces mouvements, la Troisième République introduit progressivement des réformes, comme la loi sur les retraites ouvrières et paysannes en 1910, une avancée significative pour les droits des travailleurs. Ces réformes visent à apaiser les revendications sociales, tout en consolidant le régime républicain auprès des classes populaires.

À cette période, le nationalisme connaît également une montée en puissance en France, porté par des ligues comme l'Action française de Charles Maurras. Ces mouvements prônent un renforcement des valeurs nationales, parfois teintées de xénophobie et d’antisémitisme, et critiquent la République parlementaire qu'ils accusent de faiblesse et de corruption. L’Affaire Dreyfus a laissé des cicatrices dans la société française, exacerbant les divisions entre républicains et nationalistes, laïques et conservateurs. L'Action française et d'autres ligues antiparlementaires dénoncent l'influence des socialistes et des républicains modérés, prônant une politique autoritaire et une revanche contre l’Allemagne. Cette montée du nationalisme et de l’antisémitisme polarise encore davantage la société française à l’aube de la guerre.

Malgré ces tensions sociales et politiques, la Troisième République parvient à maintenir une stabilité certaine. Les institutions républicaines se montrent résilientes, ayant traversé des crises majeures comme l’Affaire Dreyfus, et les réformes sociales contribuent à renforcer la légitimité du régime auprès de la population. À la veille de la Première Guerre mondiale, la République semble avoir consolidé son ancrage dans la société française, incarnant les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. Pourtant, des défis majeurs subsistent, notamment face aux tensions sociales internes et aux menaces extérieures. Le climat de rivalité internationale et les alliances nouées avec la Russie et le Royaume-Uni lient la France au système d'alliances européen, rendant inévitable son implication dans le conflit mondial qui se prépare. Le déclenchement de la guerre en 1914 marquera un tournant décisif pour la Troisième République, testant la résilience de ses institutions et la solidarité de la société française face aux épreuves de la guerre.

 

La Grande Guerre (1914-1918)

Comme nous l'avons évoqué précédemment, la France, après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, vit dans l'angoisse de la revanche, ayant perdu l'Alsace-Lorraine au profit de l'Allemagne. Ce sentiment de revanche nationale est d’autant plus fort que les nationalistes français prônent la nécessité de récupérer les territoires perdus. L’essor militariste en Allemagne, symbolisé par la montée en puissance de l'Empire allemand et son armée, accroît l'inquiétude de la France. De plus, l'augmentation des tensions entre les empires colonialistes, notamment entre la France et l'Allemagne en Afrique, contribue à la détérioration des relations.

Dans ce contexte, l'attentat de Sarajevo, en juin 1914, devient le déclencheur d'une guerre mondiale. L'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche par un nationaliste serbe, Gavrilo Princip, plonge l'Europe dans une spirale de déclarations de guerre, où les alliances s'activent et les nations se préparent à entrer en conflit. La mobilisation en France est immédiate, et le sentiment patriotique galvanise la population, prête à défendre la patrie.

La France, après la déclaration de guerre à l'Allemagne le 3 août 1914, mobilise rapidement ses forces. Près de 3 millions de soldats français sont mobilisés pour défendre le pays. Le gouvernement français, dirigé par le président Raymond Poincaré et le Premier ministre René Viviani, fait appel à la nation dans un élan de patriotisme, où les citoyens, les hommes comme les femmes, se mobilisent pour soutenir l'effort de guerre. La population est invitée à faire preuve de solidarité envers les soldats, en soutenant le moral et en participant aux efforts de ravitaillement. Le plan Schlieffen, conçu par l'état-major allemand, prévoit une invasion rapide de la France par la Belgique, afin de contourner les fortifications françaises sur la frontière commune. Les troupes allemandes avancent rapidement, capturant Bruxelles et se dirigeant vers Paris. Cependant, lors de la bataille de la Marne en septembre 1914, les forces françaises, soutenues par les troupes britanniques, réussissent à stopper l'offensive allemande. Cette bataille marque un tournant décisif, car elle permet aux Alliés de stabiliser le front et d’empêcher l’encerclement de Paris. Les pertes sont considérables des deux côtés, mais la victoire française ouvre la voie à une guerre de position qui se traduira par des années de combats dans les tranchées.

Après la bataille de la Marne, la guerre se transforme en une guerre de position, où les deux camps s’installent dans des tranchées fortifiées qui s'étendent sur des centaines de kilomètres à travers la France. Ces tranchées deviennent le symbole de la Première Guerre mondiale, représentant à la fois la boue, le froid et les souffrances endurées par des millions de soldats. La vie dans les tranchées est marquée par des conditions sanitaires déplorables, une alimentation insuffisante et la menace constante des bombardements d'artillerie.

Les soldats, surnommés les Poilus, endurent des épreuves extrêmes : le manque de sommeil, l'exposition aux intempéries, le risque de maladies telles que la dysenterie, et le stress psychologique causé par la proximité des combats. Les attaques de gaz, introduites par les Allemands lors de la bataille d’Ypres en 1915, ajoutent une nouvelle dimension à la terreur. Les soldats doivent faire face à des agents chimiques comme le chlore et le gaz moutarde, qui provoquent des souffrances atroces et des blessures permanentes.

La guerre de position entraîne également une terrible saignée humaine. Les grandes offensives, telles que la bataille de Verdun en 1916, deviennent des symboles de la volonté française de résister à l'ennemi. Verdun, avec le célèbre slogan "On ne passe pas", devient un lieu de résistance héroïque. Cependant, le prix payé est exorbitant : près de 700 000 soldats français et allemands sont tués ou blessés dans ce qui devient une guerre d'attrition. Les tranchées sont le théâtre de combats incessants, où les offensives coûtent des milliers de vies pour de maigres avancées territoriales.

À partir de 1917, la guerre connaît des mutations stratégiques et technologiques. L'entrée en guerre des États-Unis, après la décision de Woodrow Wilson de soutenir les Alliés, apporte un souffle nouveau. Les troupes américaines, entraînées et équipées différemment, sont rapidement déployées sur le front occidental, renforçant les effectifs alliés. Le moral des troupes françaises, épuisées par des années de combats, est revigoré par l’arrivée des soldats américains, qui apportent également des ressources et un soutien logistique.

Les offensives alliées de 1917 visent à briser le front allemand. L'offensive Nivelle, qui se déroule au printemps 1917, s'avère catastrophique. Malgré les promesses d’une victoire rapide, les pertes sont énormes et conduisent à des mutineries dans l'armée française. Les soldats, fatigués de la guerre et méfiants envers la hiérarchie militaire, commencent à refuser d’obéir aux ordres. La situation devient critique pour le commandement, qui doit gérer non seulement le front mais aussi le moral des troupes. Face à ces mutineries et à une guerre qui s’enlise, le général Philippe Pétain prend le commandement des forces françaises. Sa stratégie repose sur la défense et la préservation des forces. Pétain mise sur une approche moins agressive, favorisant des opérations limitées pour assurer la sécurité des soldats. Les Français subissent cependant encore de lourdes pertes, mais la situation commence à s’améliorer grâce à la coordination avec les troupes britanniques et américaines.

La fin de l'année 1917 et le début de 1918 marquent une phase décisive pour les Alliés. Les offensives allemandes de printemps 1918, connues sous le nom de Luttez pour la paix, visent à obtenir une victoire rapide avant l'arrivée complète des troupes américaines. Cependant, malgré des avancées initiales, ces offensives échouent à briser le moral des Alliés. L'offensive des Cent-Jours, qui débute en août 1918, voit les Alliés riposter avec force. Les forces franco-américaines, combinées avec les troupes britanniques, lancent une série d'attaques qui déferlent sur le front allemand. Les lignes ennemies s'effondrent, et les troupes allemandes sont poussées vers leur propre territoire.

Le 11 novembre 1918, l'armistice est signé à Rethondes, mettant fin aux hostilités. Ce jour est accueilli par des scènes de joie à travers la France, mais aussi par un sentiment d'angoisse face aux conséquences du conflit. Les pertes humaines ont été colossales : près de 1,4 million de soldats français ont perdu la vie, sans compter les millions de blessés et les traumatismes psychologiques durables. La guerre a également provoqué des destructions massives dans le pays, avec des villes et des villages dévastés, des infrastructures détruites et des paysages transformés à jamais.

La Première Guerre mondiale engendre des conséquences profondes pour la France. Le traité de Versailles, signé en 1919, impose des réparations à l'Allemagne et redéfinit les frontières européennes. La France récupère l'Alsace-Lorraine, mais le ressentiment envers l'Allemagne demeure. Les questions de réconciliation et de réparation sont au cœur des débats politiques dans les années qui suivent.

Sur le plan économique, la France est confrontée à une période de reconstruction difficile. Les efforts de guerre ont épuisé les ressources financières et humaines du pays. Les répercussions économiques de la guerre, combinées à des grèves et des revendications sociales croissantes, alimentent des tensions internes. Les gouvernements successifs, confrontés à des crises politiques et économiques, tentent de naviguer entre les demandes de la population et la nécessité de maintenir l'ordre et la stabilité. La guerre laisse également des marques profondes dans la mémoire collective. La figure du soldat, du Poilu, devient un symbole de résistance et de sacrifice. Les commémorations du centenaire de la guerre, ainsi que les monuments aux morts érigés dans tout le pays, illustrent le besoin de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie pour la patrie. La Première Guerre mondiale marque un tournant dans l'histoire de France, posant les bases des défis à venir, notamment la montée des extrémismes et la crise politique qui culminera dans les années 1930.

Au-delà des conséquences militaires et politiques, la Première Guerre mondiale transforme en profondeur la société française. Les bouleversements causés par la mobilisation de masse, l’occupation des hommes sur le front et la substitution des femmes dans le monde du travail créent des changements sociaux significatifs. L'engagement des femmes dans des emplois traditionnellement masculins, comme dans les usines de munitions ou dans les champs, commence à remodeler les perceptions du rôle féminin dans la société. Les conséquences psychologiques de la guerre sur les soldats, souvent désignés sous le terme de "shell shock" ou choc traumatique, sont largement ignorées au début du conflit. Cependant, avec le retour des soldats, la nécessité de traiter les traumatismes psychologiques devient évidente. Des organisations émergent pour soutenir les anciens combattants, tandis que la prise de conscience des conditions de santé mentale se renforce lentement. Le rôle de la jeunesse, quant à elle, change radicalement. Les jeunes générations, qui ont grandi pendant la guerre, sont marquées par les récits de bravoure et de sacrifice, mais également par des désillusions face aux horreurs du conflit. Ce climat contribuera à l’émergence de mouvements pacifistes dans les années 1920 et 1930. La guerre impacte aussi la culture et l'art. Les écrivains, poètes et artistes, témoins des atrocités vécues sur le front, utilisent leur art pour exprimer les souffrances et les tragédies de la guerre. Des figures comme Guillaume Apollinaire ou Henri Barbusse deviennent des voix puissantes de la conscience collective, dénonçant la guerre et ses effets dévastateurs.

La Première Guerre mondiale est un événement fondateur dans l'histoire de la France, tant sur le plan militaire que social. Elle marque la fin d'une époque, où les illusions de la Belle Époque sont brisées par les réalités du conflit. Les conséquences de cette guerre se font sentir pendant des décennies, façonnant la politique, la société et la culture française. Le souvenir des sacrifices, la mémoire des combats et la quête de paix deviennent des enjeux centraux pour les générations futures. La France, après avoir vécu l'horreur des tranchées, devra désormais naviguer à travers les défis complexes du monde moderne, alors qu'elle aspire à construire un avenir de paix et de prospérité.

 

L'Entre Deux Guerres (1918-1939)

À la fin de la Première Guerre mondiale, la France se trouve dans un état de choc face aux pertes humaines et matérielles. Près de 1,4 million de soldats français ont péri, et des millions d'autres sont blessés, marqués à vie par les horreurs du front. Des régions entières, notamment dans le Nord et l'Est de la France, sont dévastées. Des villes comme Verdun, Reims et Arras portent encore les cicatrices des combats. La nécessité de reconstruire les infrastructures et de réhabiliter les territoires ravagés est pressante.

Sur le plan économique, la France fait face à d'énormes défis. Le pays doit faire face à un endettement massif et à une inflation croissante, aggravée par les réparations imposées à l'Allemagne par le traité de Versailles en 1919. Les tensions sociales sont palpables : les travailleurs, déjà fatigués par la guerre, réclament de meilleures conditions de travail et une augmentation des salaires. Cette lutte des classes devient un facteur déterminant dans la politique française de l'entre-deux-guerres.

La France est marquée par une instabilité politique croissante dans les années 1920 et 1930. Le paysage politique est fragmenté, avec de nombreux partis politiques, allant de la gauche radicale au parti communiste, en passant par les différentes factions de droite. Les gouvernements se succèdent à un rythme rapide, souvent incapables de faire face aux défis économiques et sociaux.

Le Cartel des gauches, une alliance entre le Parti radical et le Parti socialiste, parvient à former un gouvernement en 1924, avec des promesses de réformes sociales et de laïque. Toutefois, la coalition est rapidement affaiblie par des divergences internes et des crises économiques. Les tensions politiques s'intensifient, et les mouvements extrémistes, tant à gauche qu'à droite, commencent à prendre de l'ampleur. Les années 1930 voient l'émergence du Fascisme en Europe, notamment en Italie et en Allemagne, incitant les partis de droite en France à adopter des positions plus radicales.En effet, les années 1920 et 1930 sont marquées par une série de mouvements sociaux et de grèves qui reflètent les tensions croissantes entre le travail et le capital. La mémoire des sacrifices de la guerre pousse de nombreux travailleurs à revendiquer des droits sociaux et économiques. Les syndicats jouent un rôle clé dans l'organisation de ces luttes, et les grèves générales deviennent des outils puissants pour faire entendre la voix des travailleurs. L'économie française subit d'importants bouleversements pendant l'entre-deux-guerres. La première crise économique mondiale de 1929, déclenchée par le krach boursier de Wall Street, touche gravement la France. Les conséquences sont immédiates : hausse du chômage, faillites d'entreprises et baisse des exportations. Le gouvernement français tente de faire face à la crise en adoptant des mesures de redressement économique, mais l'inefficacité des politiques publiques, ainsi que des tensions politiques internes, entravent ces efforts.

Les années 1930 sont marquées par une forte récession économique, entraînant des tensions croissantes entre les classes sociales. Les agriculteurs, particulièrement touchés par la baisse des prix agricoles, s'organisent en syndicats pour défendre leurs intérêts. Parallèlement, l’industrialisation continue, mais à un rythme plus lent, exacerbée par la concurrence étrangère et le protectionnisme croissant. Les investissements dans les infrastructures, nécessaires pour relancer l'économie, peinent à se concrétiser. Les années 1930 voient également un retour à des politiques économiques plus conservatrices, qui privilégient l’austérité au détriment des réformes sociales.

Les grèves de 1936, qui accompagnent la victoire du Front populaire, illustrent cette dynamique. Des millions de travailleurs s'engagent dans des mouvements de grève pour obtenir des augmentations de salaires et des améliorations des conditions de travail. Les accords de Matignon, signés en juin 1936, marquent une victoire symbolique pour les syndicats, garantissant des droits sociaux et des avancées significatives. Cependant, malgré ces succès, la crise économique mondiale de 1929 pèse lourdement sur l'économie française et entraîne des conséquences graves. Les tensions sociales et politiques restent omniprésentes.

Sur le plan international, l'entre-deux-guerres est marqué par une instabilité croissante en Europe. Les conséquences du traité de Versailles, perçu comme humiliant par de nombreux Allemands, alimentent des sentiments nationalistes et revanchards, qui se traduisent par la montée du nazisme en Allemagne. La France, soucieuse de sa sécurité, cherche à renforcer ses alliances. La signature des accords de Locarno en 1925, qui garantit les frontières de la France et de la Belgique, symbolise une tentative de stabilisation des relations en Europe. Cependant, les tensions persistent, et l'absence d'une politique cohérente face à la montée des régimes totalitaires laisse la France vulnérable.

Les années 1930 voient également l’émergence de tensions internationales croissantes, notamment avec l’ascension de l’Allemagne sous le régime d’Adolf Hitler. La politique d’apaisement adoptée par certaines puissances, dont la France, face aux agressions nazies, est souvent critiquée. La France, préoccupée par ses propres problèmes internes, peine à adopter une politique étrangère proactive et unie.

En réponse à cette montée des extrêmes, le Front populaire, une coalition de gauche regroupant le Parti socialiste, le Parti communiste et des syndicats, est formé en 1935. Le Front populaire remporte les élections de 1936, et Léon Blum devient le premier socialiste à accéder à la présidence du Conseil. Ce gouvernement met en œuvre des réformes sociales significatives, comme la semaine de 40 heures et des congés payés, mais il doit également faire face à l’opposition croissante des conservateurs et à une économie en crise. Alors que les tensions internationales s'intensifient à la fin des années 1930, la France commence à prendre conscience des menaces pesant sur son territoire. Les expériences traumatisantes de la Première Guerre mondiale incitent le gouvernement à investir dans la défense nationale, mais le sentiment d’apathie et de déni persiste. La France renforce sa ligne Maginot, une série de fortifications le long de la frontière avec l'Allemagne, mais cette stratégie de défense statique est critiquée pour son inefficacité à répondre aux nouvelles formes de guerre.

La montée des périls, symbolisée par l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne en 1938 et l'annexion de l'Autriche, souligne les insuffisances de la politique étrangère française. Malgré les appels à la mobilisation et à l'unité nationale, le gouvernement français est en proie à des divisions internes. La peur d'une nouvelle guerre pèse sur l'opinion publique, qui oscille entre résignation et mobilisation.

 

La Deuxième Guerre Mondiale

La Seconde Guerre mondiale est un événement majeur dans l'histoire de la France, marquant une rupture profonde dans la continuité de son histoire. Les événements qui se déroulent pendant cette période transforment non seulement le paysage politique et social du pays, mais laissent également des cicatrices durables sur la mémoire collective. La guerre est synonyme de désespoir, d'occupation, de résistance et, finalement, de libération.

La France entre en guerre le 3 septembre 1939, deux jours après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne nazie. Ce conflit est perçu comme une suite logique des tensions accumulées depuis la fin de la Première Guerre mondiale. Bien que la France soit alliée à la Grande-Bretagne et à d'autres pays, elle se prépare peu pour un affrontement de grande envergure.

Les premiers mois du conflit, souvent appelés la « drôle de guerre », se caractérisent par une relative inaction sur le front occidental, avec des échanges limités entre les forces allemandes et françaises. Cependant, en mai 1940, l'Allemagne lance une offensive éclair (Blitzkrieg) qui prend la France par surprise. La stratégie allemande, combinant des attaques rapides par terre et par air, déstabilise rapidement les forces françaises, qui subissent des pertes considérables. La bataille de France se déroule en quelques semaines. Le 10 mai 1940, les troupes allemandes envahissent les Pays-Bas et la Belgique, contournant la ligne Maginot par le nord. Le 14 juin, Paris est occupé, et le gouvernement français capitule le 22 juin. La défaite est humiliante pour la France, qui perd une partie de son territoire, et le gouvernement de Vichy est installé sous la direction du maréchal Pétain.

L'occupation allemande est un moment sombre de l'histoire française. La France est divisée en deux zones : la zone occupée, contrôlée directement par les nazis, et la zone libre, au sud, dirigée par le régime de Vichy. Ce gouvernement, qui se présente comme un État français, adopte des politiques collaborationnistes avec l'Allemagne, notamment en matière de répression politique et de persécution des Juifs. Le régime de Vichy, sous le slogan "Travail, Famille, Patrie", impose une politique autoritaire, réprimant les libertés individuelles et ciblant les opposants. Les lois antisémites de 1940 et 1941 conduisent à l'exclusion des Juifs de la vie publique, à des arrestations et à des déportations vers les camps de concentration. Environ 76 000 Juifs de France sont déportés pendant l'occupation, et peu survivent.

Malgré l'oppression, des mouvements de résistance émergent, regroupant des hommes et des femmes de tous horizons. Ces mouvements, souvent désorganisés au début, s'intensifient au fil des années. Ils mènent des actions de sabotage, d'espionnage, et d'information pour contrer l'occupant. Des figures emblématiques, comme Jean Moulin, unissent les différents groupes de la résistance sous l'égide du général de Gaulle, qui appelle à la lutte depuis Londres. La résistance française joue un rôle crucial dans la lutte contre l'occupation allemande. Bien qu'éclatée et hétéroclite au début, elle finit par s'organiser autour de plusieurs mouvements majeurs, tels que Libération, Francs-tireurs et partisans, et le Mouvement de libération nationale (MLN). La Résistance s'illustre par des actions variées, allant de la collecte d'informations sur les mouvements ennemis à des actes de sabotage contre des installations militaires et des voies ferrées. Des femmes jouent un rôle déterminant dans ces mouvements, souvent sous-estimé. Elles assurent des fonctions cruciales, allant de la transmission de messages à la mise en place de réseaux d'évasion pour les pilotes alliés. Des figures comme Lucie Aubrac et Gabrielle Gilly incarnent cette bravoure, risquant leur vie pour sauver d'autres.

Le 6 juin 1944, le Débarquement en Normandie, connu sous le nom de D-Day, marque un tournant décisif. Les forces alliées, soutenues par les résistants français, débarquent sur les côtes de Normandie. À partir de là, la résistance s'intensifie, et les actions de sabotage et de guérilla se multiplient dans toute la France. Après le Débarquement, les forces alliées avancent rapidement à travers la France. Les résistants locaux jouent un rôle déterminant en facilitant les opérations militaires et en préparant la libération des villes. Paris, libérée le 25 août 1944 par les forces françaises libres et les alliés, devient un symbole de la résistance. Le général de Gaulle, à la tête des forces françaises, prononce un discours historique sur le parvis de l'Hôtel de Ville, appelant à la renaissance de la France. La libération de Paris ne signifie pas la fin de la guerre en France. Les combats se poursuivent jusqu'à la capitulation de l'Allemagne, le 8 mai 1945. À ce moment-là, la France doit faire face aux conséquences de l'occupation, notamment en ce qui concerne la réconciliation nationale, la gestion des traîtres et la reconstruction d'une société profondément divisée.

Les conséquences de la Seconde Guerre mondiale en France sont multiples et profondes. Sur le plan humain, le pays a perdu des millions de personnes, tant militaires que civils, victimes de la guerre et des persécutions. La France doit également faire face à la question des déportés, des collaborateurs, et des choix moraux difficiles auxquels la population a été confrontée pendant l'occupation. Sur le plan économique, la guerre a causé des destructions massives. Les infrastructures sont en ruines, et l'économie est paralysée. Les priorités de la reconstruction, l'industrialisation et l'intégration européenne deviennent des enjeux majeurs. La France bénéficie de l'aide du Plan Marshall, qui lui permet de se relever progressivement. Socialement, la guerre provoque des changements profonds. Le rôle des femmes, qui ont pris des postes clés pendant l'occupation, est redéfini, et les mouvements sociaux prennent de l'ampleur, notamment en ce qui concerne les droits des femmes et des travailleurs. La société française est marquée par un désir de changement, de progrès et de réformes.

La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en France est complexe et parfois conflictuelle. Les années qui suivent la libération sont marquées par une quête d'identité nationale et une réflexion sur les choix de la période de l'occupation. La construction de mémoriaux, la publication de témoignages et les débats sur la collaboration et la résistance sont au cœur de cette mémoire collective. Les procès de Nuremberg et d'autres poursuites judiciaires contre des collaborateurs ouvrent un débat sur la justice et la réconciliation. Les questions de mémoire deviennent centrales dans le discours public, les écoles, et la culture populaire. Des films, des livres et des documentaires sur la guerre, la résistance et la déportation contribuent à façonner cette mémoire. La Seconde Guerre mondiale représente un tournant dans l'histoire de la France, marquée par des souffrances, des sacrifices et une résistance exemplaire. Les conséquences de la guerre se font sentir pendant des décennies, influençant la politique, la société et la culture françaises. La quête d'identité nationale et les réflexions sur les choix moraux de cette époque continuent d'alimenter le débat public et la mémoire collective. Alors que la France émerge de la guerre, elle doit faire face à de nouveaux défis, notamment la construction d'une Europe unie et la gestion des tensions internes. Ce sont des leçons du passé qui façonneront le futur du pays dans un monde en pleine mutation.

 

Le gouvernement provisoire et la 4ème République

La période d'après-guerre en France est marquée par une transition tumultueuse entre le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) et la Quatrième République. Cette époque est caractérisée par des défis économiques et sociaux, la reconstruction d'un pays meurtri par la guerre, ainsi que des mouvements de décolonisation qui vont redéfinir le paysage géopolitique mondial. Après la libération de la France en 1944, un Gouvernement provisoire est mis en place sous la direction de Charles de Gaulle. Ce gouvernement a pour mission de restaurer la démocratie et de préparer les élections pour établir un nouveau régime. De Gaulle, figure emblématique de la Résistance, devient le premier président du GPRF. Il joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre de réformes démocratiques et économiques.

Le GPRF s'attaque d'abord à la question des droits sociaux et politiques. Le droit de vote est accordé aux femmes, un tournant majeur dans l'histoire politique française. Le gouvernement nationalise également des secteurs clés de l'économie, comme les chemins de fer, l'énergie, et certaines industries, dans le but de reconstruire le pays et d'orienter l'économie vers un modèle socialiste. Ces nationalisations visent à garantir un contrôle public sur des secteurs jugés stratégiques pour le développement économique.

Sur le plan international, le GPRF cherche à réaffirmer la position de la France sur la scène mondiale. De Gaulle préconise une politique étrangère indépendante et s'oppose à la domination américaine, tout en reconnaissant la nécessité de coopérer avec les Alliés pour la reconstruction de l'Europe. Ce positionnement se traduit par l’adhésion de la France à la Charte des Nations Unies et sa participation active à la création d’institutions internationales. Cependant, ce gouvernement provisoire est aussi confronté à des défis internes. Les tensions entre les différents mouvements politiques, notamment entre les socialistes, les communistes et les modérés, compliquent la gestion des affaires publiques. En 1946, après la rédaction d'une nouvelle constitution, de Gaulle démissionne, insatisfait des luttes partisanes qui caractérisent la politique française.

La Quatrième République est officiellement instaurée en 1946 avec l'adoption d'une nouvelle constitution. Ce régime parlementaire se caractérise par une grande instabilité politique, avec de fréquents changements de gouvernement. En effet, entre 1946 et 1958, la France connaît une succession de 24 gouvernements, rendant difficile la mise en œuvre de réformes durables.

L'un des principaux défis auxquels la Quatrième République fait face est la reconstruction du pays après la guerre. La France doit faire face à une économie affaiblie, à des infrastructures détruites et à un besoin urgent de réformes sociales. Les plans de modernisation et de développement économique, notamment le Plan Marshall en 1947, contribuent à la reprise économique et à la croissance, mais les inégalités sociales persistent. Un autre enjeu majeur de cette période est le processus de décolonisation. La Seconde Guerre mondiale a affaibli l'emprise coloniale française, et les mouvements d'indépendance se multiplient dans les colonies. En Indochine, le Viet Minh, dirigé par Ho Chi Minh, réclame l'indépendance face à la présence française. La guerre d'Indochine commence en 1946, et elle se prolonge jusqu'en 1954 avec la défaite française à Dien Bien Phu, qui entraîne la perte de l'Indochine.

En Afrique, les mouvements nationalistes gagnent également en force. La décolonisation en Afrique est marquée par des revendications pacifiques, mais aussi par des luttes violentes, comme en Algérie. En 1954, le Front de libération nationale (FLN) lance une guerre d'indépendance contre le colonialisme français, ce qui va devenir un des conflits les plus douloureux et divisifs de l'histoire moderne de la France. La décolonisation soulève des questions difficiles en France, notamment sur la nature de l'identité nationale et le traitement des populations colonisées. Les gouvernements de la Quatrième République oscillent entre des tentatives de réformes et des stratégies de répression, mais l'absence d'une politique claire mène à des conflits de plus en plus violents. L'instabilité politique de la Quatrième République conduit finalement à la montée de Charles de Gaulle et à l'établissement de la Cinquième République, posant les bases d'une nouvelle ère dans l'histoire française. Les conséquences de ces événements continuent d'influencer la politique et la société française contemporaine, témoignant des enjeux d'une nation en quête de son identité et de sa place dans le monde.

La Quatrième République se termine en 1958, confrontée à des crises politiques persistantes, notamment la guerre d'Algérie qui exacerbe les divisions entre les partisans et les opposants à la guerre. En mai 1958, une crise politique éclate à Alger, avec des militaires appelant à la création d'un gouvernement de salut public. Face à cette situation, le président du Conseil, Pierre Pflimlin, est incapable de maintenir l'ordre et de gérer la crise. C'est dans ce contexte de tensions et de chaos que Charles de Gaulle revient au pouvoir, avec la promesse de restaurer l'ordre et de donner une nouvelle direction à la France. Il est investi comme président du Conseil le 1er juin 1958 et est chargé de rédiger une nouvelle constitution qui aboutira à l’instauration de la Cinquième République. De Gaulle met en œuvre des réformes qui vont transformer la France, notamment en ce qui concerne la décolonisation, avec une indépendance progressive de l'Algérie en 1962.

 

Pour aller plus loin

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4-La France de la 5ème République à nos jours

Le début de la 5ème République

La Quatrième République, instaurée après la Seconde Guerre mondiale, se caractérise par une instabilité politique chronique, résultant principalement d'une fragmentation des partis politiques et de l'incapacité du gouvernement à répondre aux crises majeures, notamment la guerre d'Algérie. En raison de la multiplicité des partis, il était fréquent de voir des gouvernements se succéder rapidement, parfois en l'espace de quelques mois. La guerre d'Algérie, qui a éclaté en 1954, a exacerbé les tensions politiques et sociales en France. Cette guerre coloniale suscite des passions contradictoires : pour certains, elle représente une lutte pour la liberté et l'autodétermination, tandis que pour d'autres, elle est une question de préservation de l'Empire colonial français. L'incapacité des gouvernements à résoudre ce conflit sanglant provoque une crise de confiance dans les institutions républicaines. De plus, la montée du mouvement indépendantiste algérien, symbolisé par le FLN (Front de Libération Nationale), rend la situation encore plus explosive.

La période qui précède la création de la Cinquième République est marquée par des manifestations de violence politique, des attentats, et une guerre de guérilla. En 1958, la situation devient intenable : la France est secouée par des événements violents, notamment la tentative de coup d'État à Alger par des militaires partisans de l'Algérie française.

C'est dans ce contexte chaotique que Charles de Gaulle, figure emblématique de la résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale, revient au pouvoir. Il est nommé président du Conseil en mai 1958 et commence à œuvrer pour établir un nouveau cadre constitutionnel. En conséquence, il élabore une nouvelle constitution qui vise à renforcer l'autorité de l'exécutif tout en préservant les fondements démocratiques. La Constitution de 1958, adoptée par référendum le 4 octobre de la même année, instaure un régime semi-présidentiel. Le président de la République est désormais élu au suffrage universel direct, une innovation majeure qui augmente considérablement sa légitimité. Le président dispose de prérogatives étendues, telles que la nomination du Premier ministre, la possibilité de dissoudre l'Assemblée nationale et le droit de recourir à des référendums sur des questions importantes. En outre, le Conseil constitutionnel est créé pour superviser la conformité des lois avec la Constitution, renforçant ainsi l'État de droit.

L'article 5 de la Constitution établit clairement que le président "veut garantir le respect de la Constitution, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l'État". Ce renforcement des pouvoirs exécutifs vise à éviter les dérives de la Quatrième République, où l'instabilité était la norme. La nouvelle République aspire à rétablir la confiance des citoyens dans les institutions et à garantir une gouvernance efficace.

Charles de Gaulle est élu président de la République en décembre 1958. Son arrivée au pouvoir coïncide avec une période critique : la guerre d'Algérie atteint son paroxysme. De Gaulle, conscient de l'impasse dans laquelle se trouve la France, engage une politique de négociation avec le FLN. En 1961, il initie des pourparlers qui aboutissent aux Accords d'Évian en mars 1962, mettant fin à une guerre qui aura causé la mort de centaines de milliers de personnes et profondément divisé la société française.

La fin de la guerre d'Algérie représente un tournant majeur non seulement pour les relations franco-algériennes, mais aussi pour la France elle-même. Elle entraîne le départ de plus d'un million de Français d'Algérie, les "pieds-noirs", et suscite une réflexion profonde sur l'identité nationale. De Gaulle est alors perçu comme un héros pour avoir mis fin à ce conflit, mais il doit également faire face aux violences de l'OAS (Organisation armée secrète), un groupe d'extrême droite qui lutte pour la préservation de l'Algérie française. En parallèle, de Gaulle souhaite moderniser la France. Il lance plusieurs grands projets d'infrastructure et encourage l'innovation, notamment dans les domaines de l'énergie nucléaire et de l'aéronautique. Sa politique économique favorise la croissance, mais crée également des inégalités croissantes, provoquant des tensions sociales.

L'année 1968 marque un tournant dans son mandat. Les événements de mai 68, qui débutent par des manifestations étudiantes contre les conditions de vie et d'étude, se transforment rapidement en un mouvement de masse. Les grèves générales touchent le pays entier, entraînant une paralysie économique. De Gaulle, face à cette crise, choisit de s'exiler à Baden-Baden, en Allemagne, puis convoque des élections anticipées, mais la fracture entre lui et une partie de la population devient irréversible. Finalement, en avril 1969, de Gaulle démissionne après l'échec d'un référendum sur la réforme du Sénat, marquant la fin d'une ère et laissant un héritage complexe.

 

Les présidents de la 5ème République

Georges Pompidou (1969-1974)

Il accède à la présidence de la République française en juin 1969, succédant à Charles de Gaulle, dont le départ a marqué un tournant dans la politique française. De Gaulle avait démissionné à la suite d'un référendum sur la réforme du Sénat, qui a été rejeté par le peuple français. Pompidou, ancien Premier ministre de de Gaulle, est élu lors d'une élection présidentielle partielle qui a été perçue comme un test de la popularité de l'héritage gaulliste.

Le contexte politique de la France à cette époque est marqué par une volonté de changement. La démission de de Gaulle et les événements de mai 68 ont laissé des traces profondes dans la société française. Ces manifestations, initialement menées par des étudiants, se sont transformées en un mouvement de masse qui a exprimé un large éventail de frustrations, notamment concernant les inégalités sociales, le conservatisme politique et les rigidités de la société. Les idéaux de liberté, de solidarité et d'égalité qui ont émergé durant cette période ont profondément influencé les attentes des citoyens envers leurs dirigeants. Pompidou doit naviguer dans cette atmosphère politique complexe, cherchant à rallier les partisans de de Gaulle tout en répondant aux aspirations de changement de la population. Le mandat de Pompidou est marqué par un désir de continuité avec les politiques de de Gaulle tout en essayant de s'adapter à un environnement social en mutation. Son approche politique se caractérise par un équilibre entre modernisation économique et respect des valeurs républicaines.

L'une des priorités de Pompidou est la modernisation de l'économie française. Dans les années 1970, la France fait face à des défis économiques importants, notamment la montée du chômage et une inflation galopante, exacerbées par la crise pétrolière de 1973. Pompidou mise sur l'innovation technologique et le développement industriel pour relancer la croissance.

Il soutient l'initiative des grands travaux d'infrastructure, qui visent à améliorer le réseau de transports et à stimuler l'économie. Ces projets comprennent la construction de nouvelles routes, d'aéroports et de grands complexes urbains. La politique de Pompidou se concentre également sur le soutien aux industries stratégiques, notamment l'aéronautique, l'énergie et la chimie. Pompidou souhaite également encourager la recherche et le développement en investissant dans l'éducation et la formation professionnelle. Il met en place des mesures pour moderniser le système éducatif, en promouvant les sciences et les technologies afin de préparer la main-d'œuvre aux exigences d'une économie en mutation.

Sur le plan social, Pompidou cherche à répondre aux aspirations de justice sociale qui se sont intensifiées après les événements de mai 68. Il maintient un dialogue avec les syndicats et tente de créer un climat de concertation sociale. Son gouvernement promeut des réformes visant à améliorer les conditions de vie des travailleurs et à renforcer le droit du travail. L'une de ses initiatives les plus significatives est la mise en place de politiques de logement pour répondre aux besoins croissants des populations urbaines. Pompidou soutient des programmes de construction de logements sociaux et encourage la rénovation des quartiers défavorisés. Il espère ainsi lutter contre les inégalités sociales et offrir un cadre de vie décent à tous les Français. En matière d'éducation, il promeut l'idée d'une école moderne et ouverte à tous, favorisant la scolarisation des jeunes et cherchant à réduire les disparités entre les classes sociales. Cependant, les résultats de ces politiques ne sont pas toujours au rendez-vous, et Pompidou fait face à des critiques sur la lenteur de la mise en œuvre des réformes sociales.

La politique étrangère de Pompidou s'inscrit dans la continuité de la diplomatie gaulliste, mais avec quelques nuances. Pompidou s'efforce de maintenir la stature de la France sur la scène internationale, tout en développant des relations étroites avec les États-Unis et les autres pays européens. Il participe activement à la construction européenne et soutient des initiatives visant à renforcer l'unité entre les États membres. Pompidou accorde une grande importance à la politique agricole commune (PAC), qui vise à soutenir les agriculteurs européens et à garantir la sécurité alimentaire en Europe. Il se montre également ouvert aux discussions sur des questions économiques internationales, telles que la crise pétrolière, et cherche à établir des relations avec les pays du tiers monde dans le cadre de la coopération économique.

L'un des aspects marquants de sa présidence est la réponse à la crise du pétrole de 1973. Pompidou et son gouvernement prennent des mesures pour diversifier les sources d'énergie de la France, développant le nucléaire comme une solution stratégique. Ce choix se révèle décisif pour l'avenir énergétique de la France, plaçant le pays en position de leader dans le domaine de l'énergie nucléaire. Malgré les efforts de Pompidou pour moderniser l'économie et répondre aux aspirations sociales, son mandat est marqué par des tensions croissantes. Les mouvements sociaux, bien que moins puissants qu'en 1968, persistent et se manifestent par des grèves et des manifestations. Les travailleurs expriment leur mécontentement face à la stagnation des salaires et à l'augmentation du coût de la vie.

En 1974, alors que la France est confrontée à des défis économiques toujours plus pressants, Pompidou est frappé par une grave maladie. Il meurt le 2 avril de cette année-là, après avoir été en fonction pendant près de cinq ans. Son décès laisse un vide politique et ouvre la voie à de nouvelles élections présidentielles.

L'héritage de Georges Pompidou est complexe et se manifeste à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, il a contribué à moderniser la France, tout en favorisant le développement industriel et technologique. Sa vision d'une France dynamique et tournée vers l'avenir a laissé une empreinte durable sur le paysage économique. Sur le plan social, bien que certaines de ses réformes aient été bien accueillies, Pompidou a également été critiqué pour son incapacité à répondre pleinement aux aspirations des travailleurs et à lutter efficacement contre les inégalités. Son mandat a été un équilibre délicat entre modernisation et préservation des valeurs sociales, reflet des tensions qui caractérisent la société française à cette époque. Sur le plan international, Pompidou a réussi à maintenir la stature de la France sur la scène mondiale, tout en naviguant dans un environnement géopolitique complexe. Son soutien au nucléaire et sa volonté de développer des relations avec les pays du tiers monde témoignent de sa vision d'une France indépendante et proactive. Dans l'ensemble, Georges Pompidou reste une figure marquante de la Cinquième République, incarnant à la fois la continuité avec l'héritage gaulliste et les aspirations d'une société en mutation. Sa présidence est une période charnière qui prépare le terrain pour les réformes et les changements politiques à venir sous ses successeurs.

 

Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981)

Il accède à la présidence de la République française en mai 1974, à la suite de la mort de Georges Pompidou. Son élection marque un tournant politique dans la Cinquième République. Le paysage politique français est alors marqué par le souhait d'une nouvelle génération d'hommes politiques, et Giscard incarne cette volonté de renouvellement. Son adversaire au second tour, François Mitterrand, a également su capter une partie des aspirations du peuple français. L'élection de Giscard est ainsi le fruit d'un désir de changement tout en restant dans la continuité de la tradition républicaine.

Giscard, issu d'une famille aristocratique, a fait ses armes en tant que député, ministre des Finances et surtout comme un proche de Georges Pompidou. Sa campagne électorale est axée sur l'idée de modernité, de progrès et d'innovation. Promettant une nouvelle manière de gouverner, il aspire à établir un dialogue avec les citoyens et à renforcer les valeurs démocratiques.

Le mandat de Giscard d'Estaing est marqué par une volonté de réformes profondes dans plusieurs domaines, notamment sur le plan économique, social, et international.

Giscard d'Estaing hérite d'une économie en difficulté, avec des taux de chômage en hausse et une inflation galopante, en grande partie dus à la crise pétrolière de 1973. Pour faire face à ces défis, il met en œuvre une politique économique libérale, cherchant à relancer la croissance tout en maîtrisant l'inflation. Il prône une politique de désinflation, qui vise à réduire l'inflation par la rigueur budgétaire et une politique monétaire stricte.

Giscard introduit également des mesures pour encourager l'investissement et favoriser la compétitivité des entreprises françaises. Il soutient la création d'un marché unique européen, conscient que l'avenir économique de la France passe par une intégration renforcée au sein de la communauté européenne. Sur le plan social, le président Giscard d'Estaing s'engage à moderniser la société française. Il souhaite promouvoir une France plus ouverte et inclusive, et il introduit plusieurs réformes importantes. Parmi celles-ci, la loi sur la contraception de 1974, qui permet un accès plus large à la contraception et met en avant le droit des femmes à disposer de leur corps. Cela constitue un changement significatif dans une société encore largement marquée par des valeurs traditionnelles. Giscard promeut également des réformes dans le domaine de l'éducation, avec l'idée d'un enseignement plus accessible et laïque. Il s'efforce de réduire les inégalités en matière d'accès à l'éducation et de soutenir les établissements d'enseignement supérieur.

Sur la scène internationale, Giscard d'Estaing cherche à redéfinir le rôle de la France dans un monde en mutation. Il maintient une politique étrangère indépendante, fidèle à l'héritage gaulliste tout en s'ouvrant aux nouveaux défis mondiaux. Sa présidence coïncide avec des événements majeurs, notamment la détente de la guerre froide et les crises énergétiques. Giscard s'investit également dans le processus d'intégration européenne, soutenant la création du Conseil européen et l'unification économique. Il participe activement à la conférence de Rambouillet en 1975, où les chefs d'État et de gouvernement des grandes puissances se réunissent pour discuter des problèmes économiques mondiaux. Il plaide également pour une approche multilatérale dans la gestion des crises internationales, cherchant à établir des relations constructives avec les pays en développement. Dans ce contexte, il soutient la coopération entre la France et les pays d'Afrique, cherchant à renforcer les liens historiques tout en respectant leur souveraineté.

Malgré ses efforts de réforme, le mandat de Giscard d'Estaing est marqué par des tensions sociales croissantes. Les mouvements ouvriers et les syndicats se mobilisent contre la politique économique qu'ils jugent insuffisante. Les grèves et manifestations se multiplient, révélant un mécontentement grandissant face à la situation économique. En 1979, le mouvement des travailleurs sans papiers met en lumière les difficultés rencontrées par une partie de la population française, exacerbant les tensions sociales. Giscard doit faire face à un climat de mécontentement, et les réformes qu'il propose ne parviennent pas à apaiser les tensions.

Le mandat de Giscard d'Estaing se termine en mai 1981, et les élections présidentielles qui se tiennent cette année-là sont marquées par une forte opposition de la gauche, qui se présente unie autour de François Mitterrand. La campagne électorale est âpre et se concentre sur les questions économiques, sociales et environnementales.

Giscard, bien que soutenu par une partie de l'électorat, ne parvient pas à reconquérir la confiance des citoyens, déçus par la stagnation économique et les tensions sociales. Au second tour, Mitterrand remporte l'élection avec un score de 51,76 % contre 48,24 % pour Giscard. Cette victoire constitue un tournant politique majeur, marquant l'avènement de la gauche au pouvoir et mettant fin à une décennie de domination centriste et libérale.

L'héritage de Giscard d'Estaing est complexe et marqué par des succès et des échecs. Sur le plan économique, bien qu'il ait tenté de moderniser l'économie française, son mandat est souvent perçu comme celui d'une période de stagnation face aux défis économiques et sociaux. Sur le plan social, ses réformes, notamment en matière de contraception et d'éducation, ont marqué un tournant dans la société française, témoignant d'une volonté d'ouverture et de progrès. Cependant, les tensions sociales qui ont émergé durant son mandat ont également révélé les limites de ses politiques. En matière de politique étrangère, Giscard d'Estaing a su maintenir une voix indépendante pour la France sur la scène internationale, tout en cherchant à renforcer les liens avec l'Europe et les pays en développement. Sa présidence a ainsi été marquée par une volonté de modernisation et d'ouverture, mais également par les défis d'une société en mutation. En somme, Valéry Giscard d'Estaing a laissé une empreinte indélébile sur la Cinquième République, marquant un tournant dans l'histoire politique de la France. Sa volonté de réforme et son engagement en faveur de l'Europe continuent d'influencer le paysage politique français et européen aujourd'hui.

 

François Mitterrand (1981-1995)

Il est élu président de la République française le 10 mai 1981, devenant ainsi le premier président socialiste de la Cinquième République. Sa victoire s’inscrit dans un contexte politique marqué par le désenchantement à l'égard du président sortant, Valéry Giscard d'Estaing, dont les politiques libérales n’ont pas su résoudre les crises économiques et sociales du pays. Mitterrand, fort de son expérience politique et de sa capacité à rassembler les diverses composantes de la gauche, promet un changement radical et des réformes significatives. Cette élection représente un tournant historique pour la France, symbolisant l'arrivée au pouvoir d'une gauche unie, après plus de vingt ans de domination de la droite.

Dès son accession à la présidence, François Mitterrand met en œuvre un programme ambitieux de réformes sociales, économiques et culturelles. Il dévoile les grandes lignes de son action gouvernementale à travers son slogan de campagne, qui repose sur "les 110 propositions pour la France". Parmi celles-ci, l’une des premières mesures phares est l’augmentation immédiate du Salaire Minimum Interprofessionnel de Croissance (SMIC) de 10 % dès le mois de mai 1981, afin d'améliorer le pouvoir d'achat des classes les plus modestes. Cette mesure, adoptée rapidement après son élection, est un signal fort de son engagement en faveur des travailleurs.

Un autre pilier de son programme est la nationalisation d’un grand nombre d’entreprises stratégiques. Le 12 juillet 1982, Mitterrand lance une vaste politique de nationalisations qui touche des secteurs clés de l'économie française. Parmi les entreprises nationalisées figurent les grandes banques comme la Société Générale et le Crédit Lyonnais, ainsi que des industries essentielles telles que Renault et certaines compagnies d'électricité et de gaz. En tout, près de 36 entreprises sont nationalisées durant son mandat. Cette démarche vise à redonner au peuple un contrôle sur les ressources nationales et à créer un environnement propice à l’intervention de l'État dans l'économie.

En parallèle, Mitterrand s’attaque à la question du chômage et de l’emploi. En 1982, il annonce une réduction du temps de travail, avec la mise en place d'une durée légale de 39 heures par semaine. Cette mesure, entrée en vigueur en 1983, a pour objectif de lutter contre le chômage en favorisant la création d'emplois. Mitterrand espère ainsi permettre à un plus grand nombre de travailleurs d'accéder à un emploi tout en augmentant la productivité nationale. La politique du logement fait également l’objet d’une attention particulière. Le gouvernement engage un plan ambitieux de construction de logements sociaux, visant à construire environ 500 000 logements par an. Cela répond à un besoin croissant de la population en matière de logement, avec des subventions pour la construction de logements sociaux et la création d'un droit au logement. Sur le plan éducatif, le mandat de Mitterrand est également marqué par des réformes majeures. En 1981, il engage des réformes visant à garantir un accès à l’éducation pour tous les Français. Il instaure la gratuité des manuels scolaires et met en place des bourses pour les étudiants. La réforme de 1984 élargit l’accès à l’université et renforce la formation professionnelle, permettant à un plus grand nombre de jeunes de bénéficier d’une éducation de qualité.

François Mitterrand s'investit également dans le domaine de la culture, considérant celle-ci comme une priorité nationale. Il déclare que la culture doit être accessible à tous et met en place de nombreuses initiatives pour promouvoir l'accès à la culture. Il soutient des projets artistiques variés et engage de grands travaux culturels, parmi lesquels la célèbre pyramide du Louvre, inaugurée en 1989, qui devient un symbole de la modernité de la France. De plus, il contribue à la création de la Bibliothèque nationale de France à Paris, qui ouvre ses portes en 1996, afin d’enrichir l'accès aux ressources littéraires et culturelles.

La politique étrangère de Mitterrand est également marquée par des choix significatifs. Il se positionne comme un acteur majeur de l’intégration européenne et joue un rôle clé dans la signature de l’Acte unique européen en 1986, qui établit les bases d’un marché unique européen. Mitterrand est un fervent défenseur de l’unité européenne, cherchant à renforcer le rôle de la France sur la scène internationale. Il entretient également des relations étroites avec l’Afrique, soutenant les mouvements de libération et les gouvernements africains socialistes, tout en continuant à affirmer l’indépendance de la France face aux Etats-Unis dans le cadre de la guerre froide.

Cependant, malgré ces ambitions réformatrices, François Mitterrand doit faire face à des défis économiques et sociaux majeurs, qui mettent à l’épreuve son gouvernement. À partir de 1983, la France est confrontée à une montée du chômage, atteignant des taux records de plus de 10 % en 1985. L'inflation, qui avait été maîtrisée au début de son mandat, commence à augmenter, entraînant un sentiment de mécontentement croissant parmi les électeurs. En réponse à cette crise, Mitterrand et son gouvernement prennent un tournant économique en adoptant des politiques de rigueur budgétaire, marquées par des hausses d'impôts et des coupes dans les dépenses publiques. Ce virage, qui se concrétise en 1983, provoque une forte opposition sociale et marque une rupture avec les promesses de ses débuts. Les mouvements sociaux se multiplient, avec des grèves générales et des manifestations contre ces réformes, révélant un climat de mécontentement généralisé face à la gestion de l’économie et aux inégalités persistantes.

Malgré ces crises, François Mitterrand parvient à se faire réélire lors des élections présidentielles de 1988. Sa campagne repose sur un discours de continuité et de stabilité, tout en mettant en avant ses réalisations en matière de politique sociale et d'intégration européenne. Lors du second tour, Mitterrand affronte son ancien Premier ministre, Jacques Chirac, représentant la droite. Il remporte l'élection avec 54 % des voix, en grande partie grâce à un taux d'abstention élevé qui favorise le candidat sortant. Son second mandat, cependant, est marqué par la cohabitation, avec un gouvernement de Jacques Chirac qui s'installe à Matignon après les élections législatives de 1986. Cette cohabitation entre la gauche et la droite entraîne des tensions au sein du gouvernement, rendant la gouvernance complexe. Mitterrand doit également faire face à une opposition consolidée, avec notamment le Rassemblement pour la République (RPR) dirigé par Jacques Chirac, qui critique les politiques économiques du gouvernement. Les préoccupations liées à la sécurité, à l'immigration et à l'identité nationale sont également au cœur des débats, ce qui crée un climat de tension. Mitterrand réussit à se faire réélire en se positionnant comme un défenseur des valeurs républicaines et en promettant de poursuivre les réformes sociales tout en appelant à l'unité nationale.

Au début de son deuxième mandat, Mitterrand continue de s'engager dans des politiques économiques progressistes. Cependant, la situation économique est moins favorable que lors de son premier mandat. La France connaît des taux de chômage élevés, qui dépassent les 10 % en 1991, et l'inflation reste une préoccupation constante. En réponse à ces défis, Mitterrand et son gouvernement adoptent une série de mesures destinées à relancer l'économie. En 1993, Mitterrand met en place un plan de relance économique qui comprend des investissements dans les infrastructures, tels que la construction de routes et de transports en commun, ainsi que des crédits d'impôt pour encourager les entreprises à investir. Il cherche également à stimuler la consommation par des augmentations de salaires dans la fonction publique et par le soutien aux petites et moyennes entreprises. Cependant, ces mesures rencontrent des difficultés. La croissance économique reste faible, et les déficits publics continuent de se creuser, ce qui entraîne une pression croissante sur le gouvernement pour qu'il adopte des politiques d'austérité. En 1994, Mitterrand lance un plan d’austérité, visant à réduire le déficit budgétaire par des coupes dans les dépenses publiques. Ce changement de cap suscite des réactions mitigées au sein du Parti socialiste et de la population, qui ressentent le poids des mesures d'austérité.

François Mitterrand a toujours été un ardent défenseur de l'égalité et de la justice sociale, et son deuxième mandat ne fait pas exception. Il continue de promouvoir des réformes sociales qui visent à améliorer les conditions de vie des Français. L'une de ses actions les plus notables est l'extension des droits sociaux et des protections pour les travailleurs. En 1993, il soutient la mise en place de la loi sur le « 35 heures », bien que celle-ci ne soit mise en œuvre qu'après son départ, en 1998. Cette loi vise à réduire le temps de travail afin de lutter contre le chômage, tout en préservant la productivité. Mitterrand cherche également à renforcer la couverture sociale, en améliorant l'accès aux soins de santé et en soutenant les politiques de logement. Il lance des programmes visant à construire des logements sociaux et à améliorer les conditions de vie dans les quartiers défavorisés. Malgré ses efforts, ces initiatives rencontrent des obstacles, notamment en raison des restrictions budgétaires imposées par la nécessité de réduire le déficit public. Sur le plan éducatif, il continue de défendre une école publique gratuite et de qualité, en augmentant les financements pour l'éducation et en soutenant des initiatives visant à améliorer l'accès à l'éducation supérieure. Les réformes de l'éducation, tout en étant soutenues par une partie de la population, doivent également faire face à des critiques concernant leur mise en œuvre et l'égalité d'accès à l'éducation.

Sur la scène internationale, le deuxième mandat de Mitterrand est marqué par des événements majeurs qui influencent la politique étrangère française. Le contexte de la guerre froide continue de façonner les relations internationales, mais la fin des années 1980 est également caractérisée par une évolution vers la détente. Mitterrand s'engage activement dans des négociations visant à réduire les tensions entre l'Est et l'Ouest.

L'un des moments clés de son mandat est sa participation aux sommets du G7, où il met en avant la nécessité de renforcer la coopération internationale face aux défis économiques mondiaux. Mitterrand joue également un rôle important dans le processus d'intégration européenne, soutenant la création de l'Union européenne et l'Acte unique européen de 1986. Il croit fermement que l'unité européenne est essentielle pour garantir la paix et la prospérité en Europe, en particulier dans un contexte de réformes à l'Est.

La question de la décolonisation reste également présente durant son mandat. Mitterrand soutient les mouvements d'émancipation en Afrique, tout en tentant de maintenir des relations diplomatiques avec les anciennes colonies françaises. Son gouvernement fait face à des défis liés aux relations avec les pays du Maghreb, notamment en ce qui concerne l'immigration et les droits des immigrés en France. Mitterrand essaie de trouver un équilibre entre l'affirmation des valeurs républicaines et la prise en compte des préoccupations des communautés immigrées. Au fur et à mesure que le mandat de Mitterrand progresse, des tensions sociales émergent en réponse à ses politiques économiques et sociales. Les mouvements sociaux se manifestent sous forme de grèves et de manifestations, notamment dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Les travailleurs expriment leur mécontentement face aux mesures d'austérité et à la stagnation des salaires, ce qui crée un climat de mécontentement généralisé.

Les élections législatives de 1993 sont également marquées par une forte mobilisation de l'opposition. Le Parti socialiste subit de lourdes pertes, perdant la majorité à l'Assemblée nationale. Ce revers politique force Mitterrand à naviguer dans un paysage parlementaire hostile, rendant plus difficile la mise en œuvre de ses réformes. Ce changement de dynamique politique conduit à une cohabitation entre Mitterrand, président de gauche, et un gouvernement de droite dirigé par le Premier ministre Édouard Balladur, ce qui complique encore davantage les relations politiques et les prises de décision.

Le deuxième mandat de François Mitterrand se termine en 1995. À l'approche de la fin de sa présidence, il se voit confronté à des défis croissants sur les plans économique et social. Son héritage est complexe et fait l'objet de débats passionnés. D'un côté, ses réformes sociales ont marqué la société française et ont permis d'établir des protections pour de nombreux citoyens. D'un autre côté, la montée du chômage et les tensions sociales pendant son mandat soulignent les limites de ses politiques. Sur le plan international, Mitterrand laisse un héritage d'engagement envers l'unité européenne et de soutien à des initiatives visant à renforcer la coopération internationale. Sa volonté de faire de la France un acteur clé sur la scène mondiale demeure un aspect central de son héritage.

 

Jacques Chirac (1995-2007)

Il accède à la présidence de la République française en mai 1995 après avoir remporté les élections face à Lionel Jospin, candidat du Parti socialiste. Son élection marque un tournant dans la politique française, étant donné le contexte national et international dans lequel elle se déroule. À la fin des années 1980 et au début des années 1990, la France a connu une période de turbulences politiques et économiques, marquées par une cohabitation entre François Mitterrand et des gouvernements de droite. La popularité de Mitterrand avait chuté en raison de l'augmentation du chômage, des mouvements sociaux et d'une opinion publique de plus en plus critique à l'égard des politiques de gauche. Les scandales politiques et l'impopularité croissante des réformes économiques ont également contribué à un climat de mécontentement.

Dans ce contexte, Jacques Chirac, ancien Premier ministre et maire de Paris, se présente comme un candidat du rassemblement, promettant de redonner à la France une direction claire et de renforcer le pouvoir d'achat des citoyens. Son slogan de campagne, "La France pour tous", résonne particulièrement dans un pays où les inégalités sociales sont en hausse. Chirac réussit à capitaliser sur le désir de changement, notamment au sein des classes populaires, qui cherchent une réponse à leurs préoccupations économiques. Chirac hérite d'une économie fragile, avec un taux de chômage élevé et un déficit public croissant. En réponse, il met en œuvre un ensemble de réformes économiques destinées à relancer la croissance.

Dès son arrivée au pouvoir, Chirac adopte une politique de rigueur budgétaire. En 1996, il présente un plan de réduction des dépenses publiques, visant à diminuer le déficit public et à respecter les critères de convergence de la zone euro. Ces mesures incluent des coupes dans les budgets de la sécurité sociale et des collectivités locales, ce qui suscite des critiques au sein de la population et des syndicats. Chirac met également l'accent sur l'importance de l'innovation et de la technologie. Dans ce cadre, il promeut la création de la "nouvelle économie" en soutenant le développement des nouvelles technologies de l'information. Il s'engage à moderniser le secteur industriel, en encourageant la recherche et le développement et en soutenant les start-ups. Face à un chômage persistant, Chirac annonce en 2000 un "plan d’urgence pour l’emploi", qui inclut des mesures visant à favoriser l’embauche des jeunes et des chômeurs de longue durée. Ces mesures sont accueillies positivement, mais le chômage reste élevé tout au long de son mandat, atteignant près de 10 % en 2002.

Sur le plan social, Jacques Chirac cherche à répondre aux attentes croissantes des Français en matière de protection sociale et de justice. L'une de ses premières réformes importantes est celle du système de retraites, qui vise à garantir la pérennité du système par répartition. En 2000, son gouvernement met en œuvre une réforme qui allonge la durée de cotisation et modifie les conditions d'accès à la retraite anticipée. Cette réforme suscite des débats houleux et des grèves, mais elle est considérée comme nécessaire pour assurer l'équilibre financier des retraites. Chirac met également en place des mesures pour lutter contre les inégalités, notamment en augmentant le minimum vieillesse et en soutenant les familles en difficulté. En 1999, il annonce un plan de relance du logement social, visant à construire des logements abordables et à rénover les quartiers défavorisés. En 1998, il initie une "politique de la ville" pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale dans les zones urbaines sensibles. Ce programme vise à favoriser l'accès à l'éducation, à la santé et à l'emploi pour les populations défavorisées, en mettant l'accent sur la mixité sociale.

La présidence de Jacques Chirac est marquée par une politique étrangère active et ambitieuse, qui cherche à renforcer le rôle de la France sur la scène mondiale. Jacques Chirac soutient fermement l'intégration européenne et le processus d'élargissement de l'Union européenne. Il joue un rôle clé dans la création de l'euro, la monnaie unique européenne, et encourage la coopération entre les États membres. Jacques Chirac défend une vision d'une Europe forte et indépendante, capable de jouer un rôle majeur sur la scène internationale. 

Sur le plan international, Jacques Chirac développe une politique étrangère fondée sur le multilatéralisme et la coopération. Il s'engage dans des initiatives pour résoudre les conflits en Afrique et au Moyen-Orient, mettant l'accent sur le dialogue et la négociation. Jacques Chirac prône également une approche de défense européenne autonome, en proposant une augmentation des budgets militaires et une meilleure coordination entre les forces armées européennes. Un des moments marquants de son mandat est son opposition à l'invasion de l'Irak par les Etats-Unis en 2003. Chirac exprime clairement son désaccord, plaidant pour une solution diplomatique et soulignant l'importance de la légitimité internationale. Cette position lui permet de renforcer l'image de la France en tant qu'acteur responsable sur la scène mondiale, mais crée également des tensions avec les Etats-Unis et certains alliés.

Le mandat de Chirac est également marqué par des tensions politiques croissantes, notamment avec le parti socialiste et les mouvements sociaux.

La politique de rigueur budgétaire et les réformes sociales suscitent un mécontentement croissant parmi les syndicats et les mouvements sociaux. En 2000, des grèves massives éclatent en réponse aux mesures d’austérité, notamment dans le secteur public. Ces mouvements de protestation illustrent le fossé croissant entre le gouvernement et une partie de la population, qui ressentent que leurs besoins ne sont pas pris en compte. La cohabitation avec un gouvernement de gauche dirigé par Lionel Jospin, qui débute en 1997, complique davantage la situation. Cette dynamique politique engendre des tensions entre l'exécutif et le législatif, limitant la capacité de Chirac à mettre en œuvre ses réformes. Les relations avec la gauche deviennent souvent conflictuelles, et le processus législatif est souvent entravé par des désaccords sur les priorités politiques.

L'héritage de Jacques Chirac est complexe et fait l'objet de débats passionnés. Sur le plan économique, bien qu'il ait réussi à mettre en œuvre certaines réformes, il est souvent critiqué pour sa gestion du chômage et des inégalités. Son mandat a été marqué par des politiques de rigueur, qui ont eu des conséquences sur la vie quotidienne des Français. Cependant, ses efforts pour moderniser l'économie et soutenir l'innovation ont également été salués. Sur le plan social, Chirac a laissé une empreinte significative grâce à ses initiatives en faveur de la justice sociale, bien que certaines de ses réformes aient été perçues comme insuffisantes par les syndicats et les mouvements sociaux. Sa politique de la ville et ses efforts pour lutter contre les inégalités ont eu un impact durable sur certaines populations, même si des défis persistent. Sur le plan international, Chirac a réussi à repositionner la France en tant qu'acteur clé sur la scène mondiale. Son opposition à la guerre en Irak a renforcé l'image de la France comme une nation indépendante et déterminée à défendre le droit international. Sa vision d'une Europe unie et forte demeure un aspect central de son héritage politique.

En conclusion, le mandat de Jacques Chirac est une période de contrastes, marquée par des avancées significatives dans certains domaines et par des défis persistants dans d'autres. Son héritage politique continue de résonner dans la société française contemporaine, témoignant des complexités d'une présidence dans un monde en mutation. Cette analyse détaillée de son mandat permet de mieux comprendre les défis auxquels Chirac a été confronté et les actions qu'il a entreprises pour y faire face, ainsi que l'impact de ses décisions sur l'avenir de la France.

 

Nicolas Sarkozy (2007-2012)

Le mandat de Nicolas Sarkozy (2007-2012) a été marqué par une volonté de réforme ambitieuse, dans un contexte économique et politique difficile. Élu en 2007 avec 53,06 % des voix face à Ségolène Royal, il succède à Jacques Chirac en promettant de moderniser l'économie française, renforcer la sécurité et réaffirmer le rôle de la France en Europe et dans le monde. Dès le début de son mandat, il engage des réformes importantes, comme le "paquet fiscal" de 2007, qui inclut la loi TEPA (Travail, Emploi, Pouvoir d'Achat). Celle-ci vise à stimuler le travail en exonérant les heures supplémentaires d'impôts et en instaurant un bouclier fiscal limitant l’imposition des contribuables à 50 % de leurs revenus, une mesure controversée en raison de ses avantages pour les plus riches.

En 2010, la réforme des retraites devient un point central de son quinquennat. Elle repousse l'âge légal de départ de 60 à 62 ans, provoquant d'importantes mobilisations sociales et des grèves massives. Malgré l’opposition, Sarkozy maintient que cette réforme est essentielle pour assurer la pérennité du système face au vieillissement de la population. Sur le plan économique, son mandat est largement affecté par la crise financière mondiale de 2008. Il met en place des mesures d'urgence pour soutenir les banques françaises et injecte des fonds publics pour relancer l'économie, tout en tentant de contrôler le déficit public.

Sur la scène internationale, Sarkozy joue un rôle actif. Il s’investit dans la présidence française de l’Union européenne en 2008, où il gère notamment la crise russo-géorgienne et la coordination européenne face à la crise économique. En 2011, il est l'un des artisans de l'intervention militaire en Libye, qui contribue à la chute du régime de Kadhafi, mais dont les conséquences géopolitiques restent controversées. Sur le plan domestique, il adopte une politique sécuritaire stricte, avec un durcissement des lois sur l'immigration et une gestion critiquée des minorités, comme lors du démantèlement des camps de Roms.

Malgré ces initiatives, son mandat se termine dans un climat de désenchantement. La hausse du chômage, l'augmentation de la dette publique et une image jugée parfois arrogante ou trop proche des élites affaiblissent sa popularité. En 2012, Nicolas Sarkozy se présente pour un second mandat mais perd face à François Hollande, candidat du Parti Socialiste, lors d'une élection marquée par un rejet de sa politique et de son style de gouvernance.

 

François Hollande (2012-2017)

Le mandat de François Hollande (2012-2017) est marqué par des défis économiques persistants, des tensions sociales et des crises sécuritaires majeures. Élu président de la République avec 51,64 % des voix face à Nicolas Sarkozy, il incarne une alternance politique en promettant une "présidence normale" et des réformes axées sur la justice sociale, l'emploi et la lutte contre les inégalités. Dès son arrivée au pouvoir, il met en œuvre une série de mesures emblématiques, comme la création d’une tranche d’imposition à 75 % pour les revenus les plus élevés (ultérieurement abrogée) et la réduction de la rémunération du président et des ministres. Cependant, ses débuts sont rapidement confrontés à la persistance du chômage et à une économie en stagnation.

Sur le plan économique, François Hollande adopte une ligne plus pragmatique à partir de 2014. Avec le "Pacte de responsabilité et de solidarité", il allège les charges des entreprises pour stimuler l’emploi et relancer la croissance. Le Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) est introduit pour soutenir la compétitivité des entreprises françaises, bien que son impact fasse l’objet de débats. Parallèlement, des réformes sociales sont adoptées, notamment le mariage pour tous en 2013, qui légalise le mariage entre personnes de même sexe. Cette avancée sociétale suscite des manifestations massives, comme celles de la Manif pour tous, mais reste une réalisation majeure de son quinquennat.

Le mandat de Hollande est également marqué par une série d'attaques terroristes sans précédent en France. Les attentats de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher en janvier 2015, suivis des attaques de novembre 2015 à Paris et Saint-Denis (notamment au Bataclan), plongent le pays dans un état d’urgence prolongé. Hollande déclare la guerre au terrorisme, intensifie les interventions militaires françaises au Moyen-Orient, notamment en Syrie et en Irak, et renforce les dispositifs de sécurité intérieure.

Sur la scène internationale, Hollande joue un rôle actif dans la lutte contre le terrorisme en Afrique, avec l’opération Serval au Mali en 2013, qui contribue à repousser les groupes djihadistes. Il s’investit également dans les négociations sur le climat, avec l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, considéré comme un moment fort de son mandat. Toutefois, sur le plan intérieur, sa popularité s’effondre face à des résultats économiques jugés insuffisants, des réformes sociales impopulaires comme la loi Travail et une perception de faiblesse dans son autorité présidentielle.

En 2016, François Hollande renonce à briguer un second mandat, une décision inédite sous la Cinquième République, en raison d’un niveau d'impopularité record. Son quinquennat, malgré des avancées significatives sur certains plans, reste associé à une déception générale quant à sa capacité à répondre aux attentes économiques et sociales des Français.

 

Emmanuel Macron (2017 à nos jours)

La présidence d’Emmanuel Macron a marqué une période de transformation et de gestion de crises majeures en France, mais il est peut-être encore trop tôt pour dresser un bilan définitif. Élu avec une volonté de renouveler la vie politique française, Macron a impulsé des réformes ambitieuses, comme la refonte du droit du travail ou la tentative de réforme des retraites, tout en devant affronter des mouvements sociaux intenses, notamment les Gilets jaunes, symboles des fractures sociales et territoriales du pays. Ces épisodes ont mis en lumière la difficulté de gouverner dans une société en quête de justice sociale et de proximité démocratique.

Sur le plan international, Macron a été un acteur central de l’Union européenne, promouvant une souveraineté européenne renforcée, tout en maintenant une ligne ferme sur les enjeux mondiaux tels que le changement climatique et la gestion de la pandémie de Covid-19. Sa réponse à la crise sanitaire, marquée par des confinements, une campagne de vaccination massive et un plan de relance ambitieux, a permis de limiter l’impact économique immédiat, mais les conséquences à long terme restent incertaines...

Alors qu’il a entamé un second mandat en 2022, les résultats concrets de ses réformes et de sa gouvernance, tant sur le plan intérieur qu’international, ne pourront être pleinement évalués qu’à moyen et long terme. L’histoire jugera si ses choix auront contribué à renforcer la résilience de la France ou accentué les fractures sociales et politiques existantes.

 

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